1 - LA PREMIÈRE

ileen-gass

Partie 8/9

— On est arrivée, m'a informée ma mère en arrêtant sa voiture devant un gros rocher humide.

Je t'écrivais un SMS en vitesse pour te dire que j'avais trouvée la significations des chiffres.

— J'arrive, lui ai-je distraitement dis avant de te l'envoyer.

Ma mère commençait a avoir froid, elle frotté ses mains l'une contre l'autre et m'a demandé :

— Il commence à faire nuit. Qu'est-ce que tu dois trouver ?

Je n'avais rien à lui répondre. Et encore moins un bon mensonge à lui donner. Alors je suis descendu de voiture.

— Johann, attend !

J'ai obéis. Elle a contourné son véhicule pour se planter face à moi.

— Qu'est qu'on fait là ? Qu'est-ce qu'on cherche ?

Elle tremblait de froid. Se frictionnait les bras. Un filet de fumée blanche s'est glissé hors de ses lèvres.

Hors des miennes aussi.

J'avais froid moi aussi. Mais c'était supportable.

Jusqu'à ce que La Première apparaissent juste derrière ma mère. De dos, Dieu merci.

— Est-ce que tu entends toujours des voix ?

Sa question m'a mise en colère. Mais plus encore, le ton sur lequel elle me l'avait posée. Il était plein de reproches.

Ma mère a voulu me disputer, mais je ne lui ai pas laissé l'occasion de le faire.

La Première s'est mise à marcher vers le lac, en face de nous.

Je l'ai suivi en contournant ma mère.

— Johann !

Pour ne pas qu'elle ait l'occasion de m'arrêter, je me suis mise à courir.

La Première avait disparue pour réapparaître au bord du lac, côté droit, devant un monceau de branches mortes entassées.

— Johann, attend moi ! m'a crié ma mère.

Je me suis posté devant le tas de branches.

Elle m'a attrapée le bras et m'a tirée vers elle pour me forcer à lui faire face.

Je n'ai pas résisté.

— Dis moi ce qui se passe !

C'était un ordre si sec qu'il m'avait convaincu d'obéir.

— On m'a demandé de venir ici.

— Qui ? Quelqu'un du lycée ?

J'ai secoué la tête.

— Qui alors ?

J'ai hésité.

— Tu veux vraiment le savoir ?

Ma mère a paru outrée.

— Bien sûr !

— Okay... ai-je dis avant de jeter un œil à La Première qui regardait le monceau de branches avec tristesse.

— C'est une fille.

Ma mère a croisé les bras, attendant la suite.

— Une fille que je vois depuis ma rupture d'avec Dan.

— Une amie ?

— Non.

— Qui alors ? s'est impatienté ma mère.

— Une fille qui est morte.

Ma mère a perdu ses couleurs.

Elle a sortit son téléphone portable de la poche de sa parka verte kaki.

Je savais ce qu'elle allait en faire. Alors, je l'ai supplié d'arrêter. Mais elle a refusé.

— J'appelle Marco, m'a-t-elle annoncé d'un ton catégorique.

J'ai commencé à pleurer.

— Maman, s'il-te-plaît, crois moi !

Un miracle s'est alors produit. Elle a baissé son bras qui tenait le téléphone et m'a dit :

— Tu te rends compte de ce que tu es en train de me dire ?

Oui maman, je m'en rendais très bien compte.

Je lui ai tourné le dos pour retirer les branches mortes rassemblées en tas.

— Qu'est-ce que tu fait ? m'a-t-elle furieusement demandée.

— Je crois que la fille qui me parle et que je vois partout, est là dessous, lui ai-je répondu.

Elle s'est approchée de moi. Sa voix s'est faite douce.

— Johann, je crois que tu ne vas pas bien. Peut-être que tu devrais retourner à l'hôpital pour quelques temps. Viens, chérie. On rentre à la mai... Oh !

Elle a plaquée ses mains sur sa bouche avec un air terrifié. Moi, j'ai reculée, sous le choc.

Caché sous le tas de branches, il y avait un cadavre. Celui de La Première. Elle était exactement comme je la voyais : les cheveux châtains et retombant jusqu'au milieu du dos, portant un jean et un sweat à capuche rose trempés et souillés par la terre. Son visage tuméfié, ne laissait pas de doute quand au fait qu'elle avait été violemment assassinée.

— Oh mon Dieu...! a soufflé ma mère.

Elle était, je crois, plus pâle que moi.

J'ai attendu qu'elle reprenne un peu des couleurs avant de lui demander :

— Tu me crois, maintenant ?


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