260 mots…

nyckie-alause

J'écris sur le trottoir des mots que tu vas voir
en passant
J'écris pour les passants qui se pressent, et s'échappent
pour rejoindre un abri
J'écris loin du chahut et du tohu-bohu de la circulation
je vois dans le miroir  du café
des dos courbés des cheveux sales

J'écris parce que le poids de mes jours, de mes nuits
m'entraîne vers le fond
C'est pour cela que j'écris hors du temps ces mots qui se mélangent
aux humeurs de la ville
J'écris comme on écrit sans fioritures, en majuscule
des phrases que j'imagine un instant être définitives
J'écris en majuscules 
sans grandeur d'âme, 
sans non-plus de grandiloquence

J'écris en majuscules 
car les petites lettres je ne peux les relire
elles s'étiolent, s'effacent sous les pas et des larmes de pluie
J'écris entre les lignes, tenue par la contrainte,
puis 
je saute allègrement à celle du dessous, 
à celle d'haut-dessus et bien plus haut encore 
au dessus du miroir, des lampes jaunes du café, des sous-tasses et des bocks… sur la pointe des pieds

Ecrire ne s'agit pas toujours d'un exercice
ça peut devenir comme l'air, une respiration, à trop la retenir les mots vont m'étouffer
Ecrire, ne pas écrire, écrire encore, désécrire, réécrire, 
à nouveau gommer tout et reprendre au début 
Le faire dans le but, quoi qu'on veuille bien dire
d'être lue.

Quand je ne pourrai plus me contenir encore
J'écrirai pour écrire…
J'écrirai pour répondre 
à la question posée, car,
et depuis longtemps
Lui, m'écrit :
Palatino, Corps 11, italique, 
de toutes petites lettres 
Pour poser sa question
pour avoir ma réponse.

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