860 La gent ailée

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Oiseaux

Ornithologue, lune, concentrer, prochaine, pincettes.

 

On vient de trouver dans l'hôtel Ibis de Milan, le corps beau et mort en ayant poussé un ultime râle malgré un garrot, d'un jeune ornithologue manchot couvert de pinçons sur le sternum et avec un pic planté dans sa rouge-gorge, victime d'un guêpier à l'issue d'une tournée des grands-ducs ayant mal tourné surtout quand on est rond après avoir abusé de Rossi, gnôle et de ganja avant d'être menotté pour rejouer sur un court lit, cinquante nuances de grives avec un martinet, au son de la danse des canards, selon la version donnée par les grues et les dindes trouvées autour interrogées par les poulets et l'inspecteur Kahn Harry,

Lors de sa messe d'enterrement célébrée en l'absence du cardinal par le huppé abbé Kaas, qu'aidèrent les pères Vier et Drix ainsi que le moine Ho capucin auteur de « Et mes anges lurent », son inséparable ami Guy Lemot  lui rendit un ultime hommage d'une plume pleine d'envolées :

« Natif de Sarcelles puis naturalisé Flamand, Martin Pêcheur, fils de vacher, même s'il était réputé tête de linotte car souvent dans la lune sut néanmoins toujours se concentrer dans ces études et rester serein, ce qui lui a valu de nombreuses distinctions dignes d'un don. Invariablement vêtu de son fameux ensemble léger en pied-de-poule au col hybride et chaussé de ses bottes Aigle, il quittait toujours son pavillon Phénix au chant du coq allant soit en Harley ou au volant de son antique Frégate plus cotée à l'argus vers Chauny pour étudier par tous les temps, l'effraie, la caille ou le hibou, ou en hélicoptère aux commandes de son Alouette III faire l'agrobate pour chercher l'échasse troglodyte à Cajarc.

Il privilégiait ses observations même si un compère-loriot le gênait, et savait se sustenter simplement d'un cœur-de-pigeon avec sa vinaigrette, d'un petit bout de macreuse avec un peu de moutarde, de six rondelles de kiwi et sur une fine tranche de pain gouin ou tade d'un bout de fromage le roitelet sa marque favorite, mais il adorait les huitres triées quand il était en mission en bord de mer.

Il était d'art fan ne ratant jamais le MAC heureux d'être prés des toiles surtout celles de Miro.

Il aimait déclamer l'Albatros de Baudelaire, lire les œuvres de Bruant, de Merle et de Corneille, écouter Piaf ou El condor pasa sans oublier la Palomba, le Zizi et surtout la chanson de l'ara son air préféré.

Le 7ème art ne lui fut pas indifférent appréciant particulièrement : Robin des bois, Quand passent les cigognes, L'épervier du Nil, L'affaire Pélican, Vos gueules les mouettes et bien entendu Les Oiseaux.

Il aimait danser surtout au bal Buzard déguisé en arlequin et avec son pote Guy fêtard accompli.

Il adorait le jardinage et était heureux rien qu'en entendant le mot bêche.

Il cacha même à ses proches un pan de sa vie, en effet connaissant le langage des signes il s'investit chez les malentendants  leur apprenant la confection sans spatule de la tourte réelle et des choux kas, le jeu de l'oie, le colin-maillard, les échecs sans fous ni damier, le go et l'anglais, et aurait dû la semaine prochaine les initier à l'art du plongeon et leur transmettre les secrets pour qu'on court vite.

Rationnel il ne consulta jamais les marabouts un peu barges qu'il prenait pour des faisans, même s'il était sensible aux croyances Hopis et milita tel Foulques ce chevalier médiéval combattant en prenant néanmoins des pincettes contre les butors, pour la paix qu'elle soit pour les roquets ou les ruches et leurs hôtes.

A l'heure où c'est affreux, mais si tel est ton destin,  il faut qu'on se sépare sans te laisser aux mains des vautours, je t'envoie un chouette et dernier coucou avant que tu t'envoles et alors vas noblement  rejoindre le paradisier de la gent ailée. »

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