9 octobre

peterpanpan

Apparemment la prof d'anglais n'est pas venue. Je suis parti dès 17h10. Je suis partagé entre le soulagement, et le dépit qu'il faudra quand même voir sa tronche la semaine prochaine. Il m'est venu en tête, mais ça serait bizarre tout de même, qu'elle n'est pas venue parce qu'elle était aussi malade que moi de ce qui est arrivé la semaine dernière. Enfin, peut-être que j'ai mal compris et qu'elle est venue, et qu'elle me demandera des comptes sur mon absence lundi prochain, et que ça se passera encore mal parce que je ne suis pas son chien, et que si je viens, c'est pour moi, pas pour son plaisir. 

Je n'ai pas été au cours d'expression écrite ce matin. J'étais trop fatigué, et ma fatigue ne cessait pas de donner naissance à de bonnes raisons de rester dormir. Je crois quand même que je m'absente trop. 

Le cours d'Arts Contemporains était bien. Quelques artistes ont retenu mon attention.

Je suis parti à la B.U en attendant le cours d'anglais, puisqu'il restait une heure à tuer. J'avais pour idée de continuer " l'art italien" , mais à la place j'ai écouté le cours qui avait lieu en haut des escaliers. J'ai pris des notes, c'était intéressant. Une fille de ma promo, petite, brune, petit air d'intello, gros seins ( et que j'avais déjà repéré, je ressens une certaine sensualité à son égard ) était assise devant moi. 

Je suis plus gêné avec les filles à 23 ans qu'à mes 17. C'est assez désespérant.  Je ne suis pas vraiment un canon mais j'ai mes atouts, et je vois bien que je plais assez aux premiers regards. Mais je fuis toutes les possibilités d'ouvertures. Je crois que j'ai une peur maladive du rejet et du jugement. Je suis aussi pusillanime qu'un jeune musulman. Peut-être même plus, puisque lui ne se fait pas d'idées. 

Pour je ne sais quelle raison, je tiens à ma façade d'austérité. Il y a quand même quelques avantages à jouer le rustre, on se donne à soi et aux autres une illusion de supériorité naturelle, mais en même temps l'isolement qui en découle est implacable. Incapable de communiquer avec les autres, on n'a plus qu'à jouer un rôle hors de soi. 

Pour aborder quelqu'un, il n'y a pas de secrets, il faut se montrer sympathique, avenant, sans toutefois trop en faire, mais assez pour mettre l'autre à l'aise. Il faut montrer de l'intérêt pour l'autre, réussir à l'amuser ou l'intriguer, se montrer soi-même intéressant.

Sincèrement tout ce petit jeu m'embarrasse. Je veux dire, en faisant quelques efforts, je pense que j'arriverais à le jouer, je l'ai déjà fait. Mais en pensant à tout cet effort de représentation qu'il faut déployer, une langueur me prend et me rend plus mort que vif.


J'aimerai pouvoir me montrer comme je me sens être à ce moment de ma vie : las de ma solitude, craintif, angoissé, peu bavard, émotif. Si seulement c'était possible de faire les choses en parlant peu. Qu'apprend-on en parlant ? Rien qui nous intéresse. On sait déjà tout ce qu'on veut avant d'ouvrir la bouche. Je me fiche de paraître trop pressé ou trop facile. Je le suis, sûrement. Quel mal à cela ? Est-ce que je sais moins ce que je veux pour autant ? Je suis contre cette espèce de bourgeoisie de l'intérêt et du désir. On connaissait " Tout est art" , mais il faut surtout croire que " Tout est commerce" . Même l'amour répond au schéma de l'offre et de la demande, maintenant ? Allez vous faire foutre. Je suis un simple, un naïf. Je dis, cessons d'avoir peur d'être berné. En amour il n'y a aucun mal à passer pour un con. Au contraire. 

  • En amour, il n’y a aucun mal à passer pour un con ! Assurément, mais seulement, si l’on n’aime pas et là, ce n’est pas de l’Amour. Ce n’est que de la séduction à une fin d’auto valorisation.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

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