La Cinquième République en sursis...

Dominique Capo

pensée philosophique

On peut dire tout ce que l'on veut sur "l'Affaire Fillion" et ses multiples conséquences, cependant, celle-ci est révélatrice du crépuscule "d'une certaine idée de la France". Elle montre, du fait de ses nombreux rebondissements, de ses multiples rouages politiques ou judiciaires, que notre pays est à bout de souffle. Je ne parle des aspects sociétaux, économiques, industriels, etc - bien qu'ils aient tous également leur importance et leur impact. Non, je parle au niveau de ses institutions telles qu'elles ont été fondées par le Général de Gaulle pour établir la Cinquième République.

Quoiqu'il advienne désormais, qui que soit notre prochain Président de la République, et de quelque bord politique qu'il soit, son mandat ne pourra pas passer outre ce à quoi nous assistons actuellement. La refonte du pacte citoyen, des liens qui unissent les français à leurs élites, doivent être réévaluées, repensées, reconstruites. Et sous une forme qui n'est pas celle que nous vivons aujourd'hui. Car cette dernière est définitivement sclérosée, obsolète, usée.

Les déchirements, les violences, les suspicions de fraude, de trafics d'influence, de détournements de fonds, ne peuvent plus être niés - que ce soit à Droite comme à Gauche. Considérer le métier d'homme politique comme étant le privilège de quelques-uns - tous sortis des plus hautes écoles, ce qui n'est pas une honte ou un motif de défiance en soi - n'est plus tolérable.

La France est riche de sa diversité. La France est capable de grandes choses. La France possède d'innombrables possibilités Son peuple sait le démontrer, comme il a su le faire à de nombreuses reprises tout le long de son Histoire. Mais il est avéré qu'une page du grand livre à l'intérieur duquel se conte celle-ci est en train de se tourner. Rien ne sera plus jamais comme avant. Et nos élites politiques doivent s'en rendre compte, et réagir, avant que ce peuple, de lui-même, n'exige plus brutalement, des changements qui auront de lourdes conséquences sur notre avenir à tous.

Enfin, il est désormais évident que la France, comme l'Occident tout entier - l'arrivée au pouvoir de Donald Trump se situe dans cette lignée - ne sont plus les puissances de références. Leur hégémonie n'est plus. D'autant moins que les uns et les autres se déchirent les miettes d'un impérialisme à l'agonie. La fin d'une Ère, le début d'une autre, dont le centre de gravité se trouve en Asie.

Tout cela apparait dans un gigantesque mouvement de fonds débuté il y a près d'une vingtaine d'année. Il en va ainsi des modèles de société, comme des hommes : ils naissent, ils vivent, ils meurent. Comme Rome, Byzance, plus près de nous les Empires Européens du 19e et du 20e siècles, ils finissent inévitablement par céder leur place à d'autres, plus en phase avec leur temps.

Et ce à quoi nous assistons en ce moment en France avec la chute programmée des institutions politiques de la Cinquième République se place dans cette lignée ; qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non. De toute façon, le vent de l'Histoire ignore les considérations de ses acteurs ; il les mets uniquement en branle, avant de les balayer pour les remplacer par les suivants...

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