A Christiane F.

aile68

Croire à la beauté de la vie, au hasard qui assassine, à la chance, tous ces coups du sort, heureux, malheureux, au soleil au milieu de la nuit, aux villes froides bâties comme des châteaux de cartes. Recevoir des lueurs en héritage, celles qui ne s'éteignent jamais, qui résistent aux ombres et à l'ennui, mes pas sur le béton se souviennent de musiques électriques. On a tous en tête des phrases, des vers si beaux, même discordants, des voyages à la destination inconnue. Poser mon coeur sur des images, des foulards qui s'envolent, sourire sous les draps, j'ai l'âge de traîner dans la ville déserte et de voir se lever le matin bleu au bout d'une nuit sans étoiles. Courir après des rêves, sous les rires d'une jeunesse sacrifiée, d'une adolescence échouée sur des îles inconnues des grands géographes. Parmi les lumières blafardes des boutiques et des vitrines, qu'il vienne à moi, lui faire comprendre d'un sourire que je tiens à la vie bien plus qu'à la misère des hauts ensembles blancs.

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