A la dérive

Sy Lou

Deux ou trois courbes rapidement ébauchées, Par magie émerge l’esquisse d’un portrait...

Deux ou trois courbes rapidement ébauchées,
Par magie émerge l'esquisse d'un portrait.
Troublé par la douce intensité de ses traits,
L'artiste saisit palette et huiles séchées.

A l'écoute des murmures de sa mémoire,
Il insuffle la vie à ce profil exquis.
Ses crayons habiles magnifient le croquis,
Ses couleurs chaudes prennent des reflets de moire.

Son cœur maintenant exalté bat la chamade,
Eprouve une fougueuse ardeur qui le saisit.
Fasciné, un désir violent l'asservit.
L'ignorer serait une pure dérobade.

Hypnotisé par tant de beauté admirable,
Il convie alors en pensée son doux tourment.
Séduit par son charme, il cède à son engouement.
Personne ne se révèle plus désirable.

Il prépare un discours pour déclarer sa flamme,
Répète chaque idée, vérifie chaque point.
Calme-toi, mon cœur, c'est l'amour qui t'a rejoint.
Impossible à modérer, tant il la réclame.

Elle va venir bientôt s'asseoir dans son rêve,
Poser sa main légère sur son bras tremblant.
Et c'est là qu'il découvrira le faux-semblant,
Mirage d'une folie qu'il vivra sans trêve.

Le peintre devenu amoureux de sa muse,
Par la fourbe illusion s'est laissé gagner.
La renier ? Il ne peut pas s'y résigner.
Il lui livre sa raison : qu'elle s'en amuse…

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