A la fin du jour

Patrick Gonzalez

A la fin du jour nous avons fait halte, enfin…

Nous avons posé ces sacs trop lourds, qui déchirent nos épaules, soigné nos pieds meurtris, partagé en silence nos maigres rations, bu à tour de rôle dans ce quart de café amer. Allongés sur le sol dur, nous avons suivi un moment la course des étoiles. Puis la fatigue aidant, nous avons sombré, dans la nuit froide, vers un sommeil lourd, agité, sans rêve.

L'aube déjà, si vite… le corps endolori, la première cigarette. Boire, boire pour affronter le soleil brûlant qui va venir. Reprendre la marche, en silence, trébucher parfois, lâcher un juron, vaciller un instant, puis recommencer, marcher encore. Suivre nos ombres dérisoire, marcher, devenir mécanique, oublier la soif, la douleur qui insiste, rêver parfois, s'envoler la bas, près d'elle, imaginer…

Une pause. Boire encore, fumer une cigarette, avec les autres, partager nos silences, en regards attentifs, en sourires muets. Vérifier la boussole, puis reprendre la route.

Il y aura d'autres heures aux cadrans aveugles de nos montres, d'autres pauses. Nous marcherons encore à la course du soleil. Nous aimerons ce dénuement, face à nous même, nous marcherons encore, douloureux mais libres, nous marcherons ailleurs…

A la fin du jour nous ferons halte, enfin…

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