A l'été finissant...
Jean Claude Blanc
A l'été finissant…
Pas simple végéter, lorsqu'on est habitué
A rencontrer des potes, échanger des idées
Du temps où on était en activité
De sorte qu'à la retraite, on se fait salement chier
Retirés des bagnoles, attendant de crever
40 années durant, ce qu'on l'a attendue
Cette pension des vieux, pas large mais suffisante
Enfin se prélasser, subsistant de nos rentes
Mais sans compter l'impôt, les taxes, les retenues…
Les gosses dispersés aux 4 coins de France
Plus de femme au foyer, pour faire la pitance
Juste les infos télé, pour mettre un peu l'ambiance
Ainsi on dégénère, retombant en enfance
Que les murs à contempler, 24 heures sur 24
Aller garnir le feu, pour se calfeutrer dans l'âtre
Par la même ruminer, les histoires du passé
A cet âge d'insouciance, jeune et en bonne santé
Les quelques amis qui restent, eux-mêmes s'éparpillent
Handicapés de la tête, également du corps
Alors nul autre choix, qu'honorer la famille
Sachant qu'elle se fait rare, rattrapée par la mort
On s'aperçoit soudain, en faisant le bilan
Qu'on n'a pas fait grand-chose, seulement l'essentiel
Nourrir et éduquer patiemment nos enfants
Afin qu'ils connaissent, ce bonheur existentiel
Qu'on n'a pu leur servir, trop pressés par le temps
Parait que l'on ne retient que les meilleurs souvenirs
Des âpres expériences (pas une partie de plaisir)
Hélas c'est sans compter sur cette mémoire pugnace
Qui nous jette sans cesse, la réalité en face
Alors on énumère, réussites et échecs
Avec prédilection pour nos insuccès
Obsédés que nous sommes, de lui clouer le bec
A ce cynique orgueil bien souvent mal placé
Solution toute trouvée, pour ceux qui ont la poisse
Suffit s'y abonner, avec plus d'angoisse
Finalement convaincus, que juste fatalité
Satisfaire leurs penchants, plus se fouler la rate
Inutile de pleurer, de larmes en cataractes
Les épreuves font grandir…ça reste à démontrer
Pour les nains que nous sommes, à supporter l'horreur
Coupés en mille morceaux, d'office rapetissés
Par des barbares haineux qui s'en font un honneur
Célibataires forcés, veufs, veuves, divorcés
Trainent derrière eux leur deuil, toutes leurs saintes journées
Alors le sort des autres, cadet de leurs soucis
Leur sac de tourments, ras le bol, bien assez
Adoptent gaillardement, formule de bon aloi
Egoïstement pénards, slogan « chacun chez soi »
« Mieux le bon vin d'ici qu'insipide eau delà… »
Intempérants camés aux ivresses d'autrefois
Solitaires on l'est tous, faute d'être solidaires
Gardant notre pré carré, sinon ce serait la guerre
Morfondus, pas déçus, royale indépendance
Isolés, au rebut, connaissant pas notre chance
Cependant s'insinue cette petite musique
En notre for intérieur, un refrain nostalgique
Regrets et amertume, s'y conjuguent à merveille
Signe sans aucun doute, que le cœur est en veille
De la même portée, Hommes des villes, Hommes des champs
Scrutant avidement l'horizon du couchant
Pour s'éveiller sereins, vidés de nos infortunes
Se fiant à notre étoile, rêvassant à la lune
Silence de rigueur, pour que s'exaucent nos vœux
Car faire du pétard, ne plairait aux dieux
Même à celui des chrétiens, barbu mais sur la croix
Pas vraiment bon copain, avec « saigneur » Allah
A invoquer le Ciel, on s'y perd en chemin
Dangereux s'en écarter, si par essence païen
Assurés d'être la proie, du Malin assassin
Alors qu'on vaque tranquille, nullement aux abois
L'Enfer qu'une rivière qui passe près de chez moi
Ruisselle en cascades, mais n'étant pas devin
Mécréant mais fidèle, je n'entends que sa voix
Coule de source ma foi, que pour mon bled souverain
Revenons à mon pote avec son air morose
Afin qu'à ses emmerdes, il fasse une pause
Sa chérie le délaisse « O gué, vive la rose »
Emprunté à Béart ce chant de naïveté
Ainsi qu'à ce fou béat, jovial Charles Trénet
Mais comme c'est pas assez, rajoute un autre couplet
Pour faire l'intéressant, ne suis pas le dernier
Et puis ça réconforte le peuple affligé
« Qu'en reverrai-je, hélas fumer la cheminée
De ma pauvre maison… », vous connaissez la suite
Tiré de ce rabat joie, de Joachim Du Bellay
En mes soirs de cafard, à veiller en ermite
Dans ces œuvres poussiéreuses, vite m'y précipite
Lisant ces inepties, j'y ai trouvé le gite
A tous mes états d'âme, de confessions contrites
Sur mes austères sommets, monastère de bruyères
Moinillon sans soutane, j'y égrène mes vers
Chapelet d'espérance, d'artiste visionnaire
Pour conjurer ce monde, corrompu sanguinaire
Honteuse présomption, moi-même en galère
Conséquence évidente de mon sale caractère
Personne frappe à ma porte, pas la moindre mégère
Me battrai pas la coulpe, ma conscience, je la gère
Sachez entre parenthèses, ne la ménage guère…
Résultat édifiant de me montrer sincère
Plus l'ombre d'un intime, qui se dirait mon frère
A part mes deux gosses et ma lucide mère
Comment me balancerai au bout d'une corde raide
Pas ma pomme que je plains, en fait je ne plaide
Que pour l'humanité, de singes savants bipèdes
A l'été finissant, début de l'arrière-saison
Ne l'ai pas inventée, la loi de la nature
Pourtant reste planté là, en mes pensées obscures
Ce qu'il adviendra de moi, point d'interrogation…
C'est pourquoi je me glisse pour mon avantage
Dans la peau vermoulue, d'un banal personnage
Endosse encore ce rôle, de philosophe sage
Serviable figurant, livreur de messages
Compagnon du devoir, de l'armée du salut…
La société m'a eu, mais j'en suis revenu
Nombreux qui comme moi, n'ont bossé que pour la gloire
Et d'autres au chom'du, pour des allocs misère
Espèces d'indigènes sur leur chiche territoire
Au nom de ces oubliés, permettez cette colère JC Blanc août 2017 (sombre l'été…)
Sombre automne en effet...........Vieillir n'est pas une sinécure....Faut peut-être en rire à défaut...Ou bien chanter peut-être ?
· Il y a plus de 6 ans ·Avec Felix Leclerc /
Tu dis que le traîneau de nos amours est dans la cour
Je regarde dehors et ne vois que la mort
Tu dis qu'au grand galop notre cheval est revenu
Des bergers qui l'ont vu l'ont ramené de mal
Ni cheval, ni traîneau dehors, ni foulard sur la neige
Pourquoi troubler mon pauvre corps avec tes sortilèges ?
Tu dis que le gazon dessous la glace est resté vert
Je creuse à cette place ce n'est que foin amer
Tu dis que la chaloupe, la nuit, fait des chansons
La chaloupe est au fond, chez les noyés, ma mie
Peut-être que les feux de bûches et notre maison blanche
Peut-être que le miel, la huche étaient de faux dimanches
Tu t'obstines à trouver que les rosiers n'ont pas changé
L'hiver les a brisés, l'hiver les a gelés
Comme la feuille rouge que le vent a emportée.
Les fées s'en sont allées sur un nuage blanc
Tu me dis que rien n'est fini et que tout recommence
Que le mois d'août est sur le lit entouré de silences
Si je vois le printemps venir derrière mes rideaux
Je croirai ton traîneau, ton cheval et ta mer
Si les sources ramènent les grenouilles dans l'étang
Je prendrai deux quenouilles et ferai un serment
Le serment de l'aimer toujours malgré les poudreries
Le serment de croire en ce jour qu'ils soient d'or ou de gris
Tu apportes dans mon grenier le rêve qu'il me faut
Comme la douce sève qui nourrit l'arbrisseau
Si jamais tu t'en vas, ma mie
Je m'en irai aussi
https://youtu.be/orj2kxg_jyM
anna-c