A part entière

aile68

Avoir son brevet ou son bac l'année de la coupe du monde, pour peu que la France gagne, ce sera la totale! Descendre dans la rue, lancer des pétards, crier "on va en finale" et puis après? Moi je rêve d'un monde où les gens de toute condition sortent dans la rue pour se donner la main, sourire, rire, chanter, la journée du câlin ça existe bien, non? On pourrait réaliser ce rêve avec deux, trois banderoles, ça pourrait s'appeler "le corso de la bonne humeur", pour une fois, toute une journée enlever  le masque de l'anonymat, dire bonjour à l'inconnu, s'intéresser à lui, sortir du rang. Y aurait le boulanger qui offrirait ses brioches aux brigands et aux saints, le fleuriste qui ferait des bouquets pour la petite communiante et la fille des rues, tout le monde s'en trouverait fort aise et heureux. Ce serait un jour particulier dans l'année qui se répéterait le dimanche quand on s'ennuie, y aurait ce que les gens aiment, des cornes muses et des harpes, des spectacles de rue et de l'amitié pour tout le monde. Jours de liesse et de rigolade ça ressemble aux dimanches de mon enfance où la fanfare passait avec les majorettes, les enfants tout excités couraient pour ne pas les manquer. Dans mon rêve  y aurait même un lâché de bonbons et de confiseries, un nouveau coeur pour ceux qui dirigent le monde, ce serait le paradis. On changerait les priorités, place au bon sens et à l'humain.  Pourquoi est-il plus facile de pleurer que de rire? J'aime voir sur le visage des gens ce qui les interpelle, ce qui met une lueur dans leurs yeux d'habitude neutres, presque durs parfois. Qu'est-ce qui les anime, les fait rire et vivre? La finale de la coupe du monde, un bon film, une réussite scolaire ou professionnelle, une belle histoire d'amour, une bonne action? La vie est un drôle de manège, qui choisit le beau carrosse bleu, qui la voiture de police ou le fier cheval blanc. Les manèges ne me font pas rêver, leur musique me donne plutôt envie de pleurer alors mon masque se durcit et je passe mon chemin en vitesse sans rêver, sans penser. Je deviens ce pantin qu'il nous arrive tous d'être dans la vie, on laisse faire les choses, on suit, on nous articule, nous désarticule jusqu'à ce qu'on casse. Se construire, se reconstruire avec ses rêves ou ce qu'on peut, nous sommes faits de choses réelles et irréelles. Les unes prennent le dessus sur les autres ou le contraire. Trouver un équilibre, son équilibre pour que le bonheur anime les êtres à part entières que nous sommes tous. 

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