A Prévert

aile68

L'ami Prévert a écrit le fabuleux poème en vers libre "Pour faire le portrait d'un oiseau". Je m'en suis inspiré pour écrire le texte qui suit.

Quand j'aurai rendu l'âme, les armes, mes larmes, je m'échapperai de ma cage dorée sans barreaux, oui vous avez bien lu, sans barreaux. En fait nos barreaux sont invisibles, transparents, traîtres, bouillants comme les rayons du soleil qu'on ne voit que dans les dessins d'enfant. Mine de rien, mon crayon ne tracera bientôt plus aucun mot mais j'écris encore, envers et contre tout, comme si j'avais une revanche à prendre, je m'obstine, carabine, dodeline, dégouline comme la pluie sur ma capeline. Laisser parler ma trombine, impression de déjà vu, déjà vécu, moi à dix ans, dans l'appartement d'avant, le mercredi matin, petit ménage, menu fretin, patins à poussière, patins à roulettes pour l'après-midi. Longues phrases, longues balades en forêt le dimanche après-midi, idées courtes, idées reçue, ou idées-force capable d'influencer un être, un slogan pourquoi pas, un certain hymne à la liberté comme Prévert "qui dit oui qui dit non avec la tête". Bébé dort dans la chambre à côté, porte ouverte comme la cage aux oiseaux, mais je suis bête, il n'y a pas de porte à ma cage, mais non il n'y a pas non plus de cage, puisqu'il n'y a pas de barreaux! Il n'y a que les oiseaux et mes pensées qui volent comme l'air du temps dans les chemins et dans les prés.

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