À trois heures de vol

James Px.

Photo Bertrand Bayer

Au milieu d'une tempête de neige

Je suis face à cet arbre 

Recouvert de cendre noire

Qui a vu naître

Vivre et mourir 

Tant d'hommes

Et qui cultive le féminin par excellence


Lorsque j'observe de ma prison éphémère 

Les mouvements de ses branches

Je comprends mieux qu'il est aussi 

L'arbre de la souplesse


Calé au fond de son havre de paix

Il brise toutes ses chaînes

Comme l'oiseau sans son chant

Rien ne peut empêcher 

Ces larmes de peur de couler


Syrie s'il pleure 

Six ans déjà que mon encre a séché 

Mes yeux ont-il encore 

La force de dire 

Dans le creux de l'incompréhensible 

Combien de litres de sang 

Un homme 

Doit-il collectionner

Avant que nous ne l'appelions

Assassin

Et l'enfermer


Pardonnez-moi

Je reste aveuglément immobile 

Et quitte le sol pourpre 

Avant de suffoquer

Loin de la civilisation nécropole 

Et si l'obéissance est nécessaire

À l'âme humaine

Elle ne doit pas en tomber malade


Suis-je toujours innocent 

Comme l'oiseau sans son chant


Voyager avec les mots 

Doit être une belle histoire 

Une contorsion 

Pour se perdre et se retrouver

Le voyage de mars 

Sera une implémentation subliminale 

D'amour et de résistance 

Pour ceux et celles

Qui ne le peuvent pas 

Qui ne le peuvent plus


J'obéis à la loi morale

Celle d'une certaine liberté 

Où mon sang respire s'affole 

Car j'ai la chance d'être cet oiseau 

Sur la branche la plus souple


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