ABSENCE

Julie Ormancey

Il est de ces épreuves que personne ne sait. Chacun aimerait y donner son avis, pour certains leur épaule, ou pour d'autres, leur grain de sel, mais pour tous et pour tout, rien ne saurait apaiser les plaies. Je suis à vif, à cœur ouvert depuis si longtemps que la vie me semble tout à coup très longue, vide, et dénuée de sens.


Çe sentiment d'abandon, d'injustice, de chute libre, survient un matin sans prévenir. Il s'installe derrière vous, juste au coin de votre cou. Il a le souffle froid et le regard amer, et lorsque un nouveau jour s'offre à vous, il vous prend à la gorge pour, d'un coup d'un seul, vous arracher tout ce que vous pensiez jusqu'alors avoir. C'est ainsi que le rien devient, comme une évidence, le temps d'un claquement de cœur, le seul compagnon, qui, au travers de son ombre, vous murmure à chaque seconde qu'il est désormais votre tout.

 

Comment expliquer le sens de ce que l'on vit. J'ai joué les séparations comme des parties de cartes, j'ai bluffé tour a tour, l'indifférence, la colère,le mépris, tous les apparats du contrôle assumé et revendiqué. Des mains entières de gestion de crise. Des mises colossales de course à la survie. Je regarde le monde d'une fenêtre à moitié beige, à moitié blanche, parce que pour la seule fois de ma vie, je n'ai pas terminé ce que j'ai entrepris. Aussi pour la seule fois de ma vie, je suis séparée sans avoir quitté.


La vie est ironique, quelquefois satirique, elle nous donne des rôles inconfortables, elle dessine des visages qui ne sont pas les nôtres, et s'amuse a nous faire rire en pleurant, et inversement. Qu'attend-elle de moi, que je subsiste ou que je baisse les bras...? Que compte-t'elle faire de moi, un pantin démembré ou une étoile désarticulée ? Et si le cœur n'était, pour une fois, pas la clé ? Et si seul le destin comptait…?

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