Adolescence

Merde ressort ton sarouel vert anis de ton placard, remet des perles dans tes cheveux...
 
Et puis il y avait Marlène Manon et Kim. Et on se ressemblait.
Et puis tout était délicieux. Parce qu'on avait pour la première fois un paquet de clope dans notre sac, qu'on désobéissait à tout; qu'on allait dans des soirées illégales avec des talons hauts et des robes rouge. 
 
On avait toutes mal quelque part mais ça nous rendait vivante et nous étions liées. Jamais seules. On était "nous".
 
Et puis il y avait Lucas. Et on se ressemblait.
Il était beau et insolent.  Il méprisait la morale. Moi aussi. On dormait dans les champs, on fumait sur les toits, on parlait de sexe et on refaisait le monde plus beau. Parce que sa maison était mon refuge quelle que soit l'heure de la nuit.
 
On méprisait ceux qui n'étaient pas à la hauteur, on était jeunes et hautains mais on était liés. Jamais seuls. On était "nous".
 
Et puis il y avait les sportifs, les rugbymen, les options sports. Je pourrais citer Guillaume, Zoé, ou même toute ma classe de seconde. Et on se ressemblait.
On vivait d'intensité, toujours le coeur à cent à l'heure, l'humour un peu gras, l'esthétique oubliée, les cheveux au vent, l'herbe verte dans les yeux. Victoires et défaites. Personelles ou tous ensemble. 
 
On avait des blessures, physiques et morales mais on s'accrochait les uns aux autres et nous étions liés. Jamais seuls. On était "nous".
 
Et la je nous regarde. Moi. Vous.
On s'est fait ravager, secouer, bousculer.
On est toujours vivants.
Mais le souffle n'est plus le même.
Nos yeux ne brillent plus.
On se souvient, mais on ne recommence pas.
On ne réessaye pas.
On se croise dans un maigre sourire.
Peut être qu'on a peur. Ou peut être que c'est vain.
 
Je me regarde dans ma glace, regardez vous aussi. Rien n'est différent.
Mais tout à changé.
 
On est des adultes....