Albedo 1

Christian Lemoine

Sous la rugosité d'un ciel froid et clair, un nouvel astre est apparu, à peine aperçu. Ce paradoxe d'un éclair surgi d'une plume noire, d'une brillance d'aile de corbeau. Au bas de la grande toile, dans une poussière de lumière, sa beauté verticale dénonçait déjà la tyrannie de la pesanteur ; minceur fuselée d'un rai malicieux, venu au fond des cours derrière le mur de briques chatouiller le béton, ensemencer les ciments stupides, fouiller la rigidité morte des plantes en pot. Que fait-elle ici ? Elle, qui saisit dans son orbite les grands croiseurs errants détachés indifférents aux étoiles ; elle, qui prend dans dans son attraction des planètes, des comètes, des débris d'étoiles roulant en Perséides, fulgurante incandescence. Elle, le devenir incertain des éclosions brutales. Dans la sphère floue de son atterrage, un vibrion déraciné, ému du moindre souffle, escarbille instable dans ce faisceau tremblant, avide de son accueil.

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