Alice chez Laurent

Au moment de leurs retrouvailles, Alice et Laurent, sourire aux lèvres, ne cessèrent de se regarder comme si un accord tacite les avait soudés l'un à l'autre. Le couple s'était uni en une accolade parfaite, symbole de leur nouvelle relation à un moment où leur vie s'enflammait d'un commun amour. La délicatesse de l'homme timide et pudique épousa parfaitement toute la fougue de la femme généreuse et pleine de vie que représentait l'admirable, la remarquable Alice. Ils laissèrent refroidir le repas, mêlèrent leurs baisers et leurs paroles enfiévrées, leurs rêves et leurs espoirs. Il attendit pour lui dire " Je t'aime", elle ne tarda pas à le lui dire en le regardant dans les yeux. La journée s'étira comme un jour de pluie, ensemble ils firent le tour du propriétaire, Laurent lui ouvrait ainsi son coeur et son âme sensible de solitaire. On lisait de la fierté sur son visage réjoui, Alice s'en amusa en secret. Il y avait toujours chez elle une pointe d'ironie joyeuse qui semblait ne rien prendre au sérieux mais ce n'était qu'une apparence. Laurent apprendrait à la connaître peu à peu. Ils passèrent un coup de fil à la vieille tante qui s'ennuyait ferme à la maison de retraite. Une femme méchante lui faisait des misères, elle en pleurait presque. Le couple lui promit de passer la voir le lendemain, tôt l'après-midi. Alice et Laurent devisèrent sur la condition des personnes âgées au XXIe siècle, la brave femme espérait mourir encore jeune, Laurent l'empêcha de finir sa phrase en posant un index autoritaire sur sa petite bouche. "Chut! Cesse de dire des horreurs. Tu n'es pas faite pour mourir. Plutôt mourir deux fois que te voir partir." Alice réprima un rire, Laurent la prit dans ses bras chauds et tous deux écoutèrent le coeur de l'autre en une commune symphonie.