Alors c'est ça?

eaurelie

Alors c'est ça, devenir adulte? C'est quitter le nid, laisser les parents seuls et réaliser que ça y est, la vie à 5, c'est terminé. Les petits déjeuners tous ensemble, les dimanche à glander en vrac sur les lits, les samedis à courir les galeries commerciales. C'est fini aussi les disputes qui font branler les portes, jouer les serrures et les glandes lacrymales. Les retours en bus le soir et les allers en RER le matin. C'est fini, les vacances tous ensemble. C'est fini. C'est fini et c'est .. . Ça fait peur. Parce que maintenant, on passe de l'autre côté. Les parents qui vont vieillir puis finir par partir. Il va falloir les soigner, les aider. Accepter qu'ils perdent pied. Moi, je me tiens à reculons dans la vie, j'ai trop peur de la mort. J'ai trop peur de perdre cette famille. Les liens prennent le large déjà. Et c'est dur. On coche des cases sur les calendriers, on perd les fous rires contre des discussions boursières. On parle encombrements sur la N118. On parle du prix de l'assurance habitation. On parle. On discute. Et on se barre plus difficilement en quenouille.

J'ai pas le mot pour te donner le niveau de ma peur et de ma détresse devant ce temps qui barre de toutes ses forces dans le sens du vent. On lâche les amarres, gars. On lavhe les amarres et moi, je tiens la corde dans l'eau. Je m'accroche à un rythme qui n'est pas le mien. À une vie qui ne me convient pas. Que je subis.

J'aimerais qu'on reprenne de zéro, t'sais. J'aimerais revenir petite fille. J'aimerais ravoir une enfance. Peut être pour ça que je regarde autant de dessins animés quand j'ai le temps.

Ouvrir les yeux fait mal. Réaliser les choses fait mal. La vie s'est barrée trop vite. Je suis pas faite pour elle.

  • Ton texte me fait penser à un passage de Gibran qui peut t'aider dans ta réflexion:
    "Vos enfants ne sont pas vos enfants. ils sont fils et filles du désir de vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez loger leurs corps mais non leurs âmes, car leurs âmes habitent la demeure de demain, que vous ne pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n’essayez pas qu’ils vous ressemble. Car la vie ne retourne pas en arrière ni s’attarde à hier. Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants telles des flèches vivantes. L’archer voit la cible sur le chemin de l’infini, et il vous courbe avec toute sa force pour ses flèches aillent vite et loin. Que cette courbure, dans les mains de l’archer, tende à la joie; car comme il aime la flèche qui vole, il aime aussi l’arc qui est stable. "

    · Il y a environ 8 ans ·
    Oeil

    anne-onyme

    • Cela n'empêche pas bien-sur d'avoir la nostalgie de l'enfance quand elle fut heureuse. ;)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Oeil

      anne-onyme

  • Lorsque j'était petite fille, je me disais : Jamais tu ne seras adulte ! La peur de grandir. On garde tous un peu de notre enfance en soi en se raccrochant à quelque chose.
    Teste très réaliste eaurelie !

    · Il y a environ 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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