Après Charlie, je suis Bedos
Jean Claude Blanc
Après Charlie, je suis Bedos
Cher Guy Bedos, pas à la noce
C'est devenu un sacerdoce
De faire rire les nigauds
Ça n'a pas plu à cette « pauv'gosse »
(La grenadine Romano)
Tu t'es permis la dessiner
En décrivant son vrai portrait
Stop, interdit, faut pas toucher
Aux partisans de l'UMP
Sacré artiste engagé
Comme ton pote, Pierre Desproges
Lui-même esthète dégagé
On lui fait la gueule de Gavroche
A porté plainte, cette dépitée
Rouge de colère, d'être mal traitée
Pauvre commentaire, pas très à l'aise
Certes la justice est passée
T'en es sorti blanc comme neige
La comédie, c'est pas la joie
Pourtant faut bien la mettre en scène
De dénoncer les scélérats
Ça désamorce un peu la haine
Plus de 80 berges, quelle énergie
Jusqu'à la fin, tu vas sévir
Faire le pitre, c'est toute ta vie
Peut-être vas-tu mourir de rire
Cette madame « tout est grave »
De sa morale, elle nous gave
Illustration d'une société
Pudique, coincée, le cul serré
En cette période tourmentée
De crises d'humeurs d'émigrés
Faut s'abstenir de plaisanter
Sinon, sale traitre dénoncé
Ça me rappelle, « je suis partout »
Les tribunaux expéditifs
Peine maximale, tordre le cou
A tous ces clowns au rouge pif
Comme toi, j'essaye d'être marrant
En faisant mon intéressant
Pour toi facile, t'es inspiré
Par les gros titres d'actualité
S'en sont allés, les audacieux
Les culottés, les venimeux
Coluche, Devos, Pierre Desproges
Même les guignols de l'info
Leurs héritiers sont plus prudents
Car pour la bite, voyez Bigard
Et Sébastien, ce fou chantant
Par-dessus le marché, résiste Nanar
Tiens le coup mon gars, on te soutient
On ne craint pas, de prendre des gnons
A mon niveau, je suis malsain
Me fuient fidèles compagnons
A notre époque, c'est désolant
Les humoristes sont dérangeants
Langue bien pendue, et incisifs
Qui déconcertent les naïfs
Bien sûr c'est dur de l'avaler
Notre funeste vérité
On se cache la réalité
Sous faux semblants et simagrées
C'est inutile d'ironiser
Sur l'Assemblée des députés
Quel beau spectacle, nous est donné
Insultes, mensonges, manque de respect
Pourquoi avoir des scrupules
Se ridiculisent les politiques
A leur façon, se bottent le cul
Chacun défendant sa boutique
Cher Guy Bedos, crois te connaitre
De te moquer, tu envoies paitre
Ton anxiété, pleurs de ton cœur
De voir poindre, tant de malheurs
Des fous du roi, ni en a plus
C'est la psychose chez les élus
S'imaginant des coups tordus
Sur les railleurs tombent dessus
Pauvre bichette, contrariée
Tellement avide de succès
Ne peut plus faire ses effets
Putain de Guy, tu l'as vexée
Remets-en une couche, sans la nommer !
Dépasse les bornes des préjugés !
Pauvre Charlie assassiné
C'est même à toi de le venger
Hélas, l'Etat, manque pas d'idées
Y'a des moyens pour retourner
Et censurer d'autorité
Le comédien trop effronté
Mais les plus graves obséquieux
Les tout puissants aux ministères
Profitent des guerres, de l'arbitraire
Pour dégommer les facétieux
Est de retour l'ordre nouveau
Faut pas jouer les rigolos
Ne plus avoir le verbe haut
Car la Nation a ses héros
A ne pas prendre en photo
Ainsi se fige, période glaciaire
La France s'abstient de ses Lumières
Le citoyen, lui obtempère
Le faire rire, c'est la galère
Quand on s'attaque aux artistes
Comiques troupiers ou journalistes
Charlie-Hebdo, ce malicieux
On n'est plus loin des fous de dieux
La dérision n'est plus de mise
Population est sous l'emprise
Des vertueux, des bien-pensants
Sont innocents, ces bons enfants
Ce que la vie serait navrante
S'il n'y avait pas des chansonniers
Gouailleurs, la tronche désopilante
Même seuls en scène, pas dégonflés
Cher Guy Bedos, mal aimé
Que par les niais, les crânes rasés
Savent pas de quel côté tu es
Ça les promène de cogiter
Pour moi, change rien, je suis comblé
T'es le VRP des oubliés
Fais gaffe quand même t'es condamné
A faire marrer le monde entier
Si je te décerne ce poème
C'est grâce à toi, que je tais mes peines
Pas très fufute la Romano
Adule l'inénarrable Sarko JC Blanc septembre 2015 (merci Bedos, tu tiens le choc)