Artifices

Mes yeux hagards regardent mes mains.

Je compte toujours sur mes dix doigts.

Assez pour compter les hommes que j'ai connus.

Bibliquement.

Dix doigts, moins de dix hommes.

Pas un seul ne m'a fait vraiment jouir.

Moins de dix hommes, ils ont eu leur plaisir.

Moins de dix hommes, je ne les ai pas tous aimés.

Certains, je crois encore, m'ont vraiment aimée.

Mes yeux langoureux regardent mes seins.

Ils ont pu compter sur mes doigts.

Un seul homme a su les faire durcir.

Pas assez pour me conduire au plaisir.

Je me regarde au fond des yeux qui pleurent,

Suis-je trop difficile ? Trop nulle ?

Mon cœur est-il à jamais fermé à l'émoi ?

Mon cœur, pourtant, pour lui a chaviré
Et à l'idée de pouvoir le découvrir
Il en est déjà tout retourné.

Timides comme une première fois
Nos lèvres humides et en émois
Se toucheraient, se désireraient en joie.

Mes yeux étonnés regardent mes mains.

Ne savent-elles donc pas conquérir un homme ?

Mes yeux embués regardent ma bouche,

Ma bouche gourmande qui veut lui crier :

« Je m'offre à vos tourments en une généreuse cambrure.
Ainsi m'aimez-vous ô ! mon poète si tendrement cruel.
Les sèves de vos lèvres brisent mes démentes armures,
Me voici à vos pieds, délivrée, livrée, innocente agnelle.

Dans mon cul vous allez vous glisser, dans le creux de mes fesses.
Mon anus vous voulez dilater, de vos profondes caresses.

Je vous ai avoué la virginité de mon anus, avec maladresse,

Mais je désire follement vous l'offrir, j'espère votre hardiesse.
Vos doigts, doucement, parcourent mes collines, entre elles, ils se glissent,
Eveillant mon âme canine, sidérale, primaire, dénuée d'artifices. »