Asocial
flolacanau
J'aimerais bien lui dire que je vais reprendre goût à la vie sociale, ça la rassurerait un peu, je pense. Mais je n'y parviens pas. Je ne sais pas feindre. Et je suis né ergoteur. Alors pour peu que l'argumentaire ne soit pas suffisamment étayé, je plonge dans les galeries et j'éboule tout.
J'apparais têtu, mais je suis exigeant. Je veux bien changer d'avis si et seulement si, celui de l'autre est moins bancal que le mien. D'apparence, il l'est toujours ; il se pare de bon sens, de lieux communs, d'un empirisme si usé et exploré, que toute tentative d'en découvrir un angle original a disparu depuis belle lurette. Tout comme le sens de la lurette en question. Et ce sont ces mêmes personnes qui vous jugent, chevauchant leur belle assurance. Ils ont le sentiment d'être arrivés quelque part et le fait d'y trouver du monde les réconforte : Ils ne se sont pas plantés puisqu'il y a d'autres humains dans les parages. La proximité fait lien, on se rassure en développant l'instinct grégaire et du coup, on a toujours un peu de temps pour prêcher la bonne parole.
Moi, quand on essaie de me convaincre, je recule d'un pas. Les prédicateurs du bonheur et des solutions clés-en-main sont légion. Est-ce que je perds mon temps à expliquer mon chemin aux autres ? Est-ce que j'essaie de les rallier ? Certes, je ne suis pas persuadé de l'utilité d'une telle démarche et la partager ne présente pas grand intérêt, mais pourquoi veulent-ils toutes ces choses pour mon bien ? Pour le mien ou pour le leur, d'ailleurs ? Parce qu'il y a forcément de l'intérêt à déployer cette énergie. En surface, les valeurs humaines, le partage, la soupe populaire, mais à bien y regarder, ces gens se foutent pas mal de mon bonheur, ce qui les dérange c'est ma différence. Pourtant, je ne prétends pas brouiller leurs pistes, les dérouter. J'oppose une simple résistance à qui pense pouvoir m'écarter pour tenir mes rênes mieux que moi-même. Mais non, ça les défrise ; ils se fendent du fameux « si j'étais toi » et déblatèrent, parfois à n'en plus finir.
J'ai trouvé plus simple de plaider la folie pour qu'on me laisse tranquille. Pourtant si l'aliénation c'est être étranger à soi-même, n'ai-je pas de plus impérieuse raison de résister à l'appel social ?
– Et moi, je t'emmerde aussi ?
– Non, toi ça va, tu t'en fous un peu de tout ça.
– Pas vraiment, mais j'ai compris qu'on ne donne pas de conseils à quelqu'un qui n'en demande pas.
– C'est plutôt sage.
– Pis j'existe pas vraiment, tu sais ?
– Parfois je me demande. Nos relations sont toujours des projections alors…
– Bien essayé, mais non j'existe pas. Je respecte trop ta solitude
– Finalement, toi aussi, tu m'emmerdes !
Dans tous les cas, c'est bien écrit. & ça on aime bien, ici.
· Il y a plus de 8 ans ·dreamcatcher
thank's !
· Il y a plus de 8 ans ·flolacanau
"Mais les braves gens n'aiment pas que
· Il y a plus de 8 ans ·"L'on suive une autre route qu'eux ... " Georges Brassens, mais vous l'aurez reconnu !
Louve
et pourtant, je n'ai pas mauvaise réputation !
· Il y a plus de 8 ans ·flolacanau
Je ne te donnerai aucun conseil, promis !... juste une constatation, tu n'es pas autant asocial que tu le penses ! si ? ah c'est une projection alors ?... ;-))
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier
Il y a toujours un fond d'ironie à forcer le trait. Même si le texte n'est pas drôle, je me moque un peu de mes penchants et de mes carcans ;)
· Il y a plus de 8 ans ·flolacanau
;-))
· Il y a plus de 8 ans ·Maud Garnier