Assez de ces cucurbitacées.

Hervé Lénervé

Il faisait longtemps que je n’avais pas écrit un petit conte romantico-poétique, aussi voici, ainsi que voilà, l’histoire du potiron et de la pastèque qui s’aimaient comme Roméo et Josette.

Quand on est né, potiron, (et non quand on néné, nichon) quand on nait pastèque, on prend vite la grosse tête. On devient vite prétentieux et gonflant, on croit tout savoir des choses du potager et les autres légumes, grosses ou petites, n'ont qu'à la fermer.

On dit aux haricots :

-         Eh vous ! Poussez-vous de vos plates-bandes, bande de fils tout vert, qu'on s'y mette, nous, les importants. Et les haricots se serrent à s'étouffer l'un, l'autre, jusqu'à devenir des cocos plats, sur les bas-côtés du potager.

On dit aux tomates :

-         Allez rougir ailleurs, bandes de bonnes-sœurs pusillanimes, ou on vous dépucelle à coups de vos tuteurs. Et les tomates s'agglutinent les unes sur les autres pour se rassurer et se protéger des tuteurs fornicateurs.

Bon, en gros les deux pédants éléphants ne connaissent d'ennemis que la citrouille sans trouille et sans reproche.

***

Bon, Ok, admettons, mais vous pourriez me dire, mais où est donc Ornicar ? Non ! Plutôt, me dire plus singulièrement, mais où est donc passée la romance poétique promise ci-dessus, dans ces salades de guerres intestines entre cucurbitacées tassées au potasser ? ((« Potager » prononcé par Jean-Christophe Averty. (cf. Wikipédia pour les plus jeunes.))

Et vous auriez parfaitement raison de signifier votre déception et vos roupètations, car finalement, qu'attendons-nous, tous, nous, que nous sommes, sinon un brin d'amour pour illuminer nos tristes et sombres existences sur ce vaisseau en perdition qu'est notre vieille Terre usées et fatiguée de tous nos excès. Nous nous raccrochons à ce que nous pouvons, une simple histoire bien léchée, d'un amour franc et sincère entre deux pauvres ères dans ces errances que sont nos vies dérisoires. Une étincelle qui illuminerait par de belles rencontres, de tendres ébats, du délicieux frisson de ces frôlements clandestins, le restant de nos souvenirs d'une vie entière faite de remplissages anodins et insipides.

Aussi, soyons sérieux cinq minutes, mais pas les cinq dernières minutes de « Bon Dieu, c'est bien sûr ! » (cf. Wikipédia pour les plus jeunes) Aussi, soyons sérieux, pour que la magie de l'Amour follement passionnel opère sur nos esprits cyniques et blasés, il faut qu'il y ait une projection, une identification sur les deux protagonistes éperdument épris, voir amoureux même, l'un de l'autre, à ne plus faire qu'une seule et même personne dans l'unicité de l'expression de leurs sentiments sincèrement distingués et des plus respectueusement dévoués à votre sérénissime seigneurie.

Maintenant sincèrement distingué ou non, comment pourrions-nous, nous identifier à une pastèque ou à une citrouille ?

Qui rêve de revenir pastèque ou citrouille après sa mort ? Qui ?

Personne ne lève le doigt ! Si au fond à droite… oui ? Ok, tu peux y aller, Toto, mais fait vite !

Donc mon entreprise était vouée à l'échec, dès sa naissance, elle portait déjà en elle, les germes d'un flop mémorable… plouf,  touché-coulé, y'a plus rien à voir !

Adonc, pour ne pas être ridicule, je préfère à la loyauté et à l'honnêteté,  le parjure et le mensonge. Belle moralité que ce conte enfantin, n'est-ce pas ? Ou n'est-il pas ? Ou il n'est pas né ! Ou panné ou pas né ? Etc.

Signaler ce texte