Assisté socialement
Jean Claude Blanc
Assisté socialement
Pourquoi s'obstiner à bosser
Gagnant autant devant la télé
Ces gus qui tournent aux 35 heures
Je vous l'avoue, me fendent le cœur
Moi j'attends ferme le résultat
De ses exploits de pôle emploi
Pour me renflouer, le 6 du mois
Sur mon chéquier, un petit mandat
Pauvre RSA, y'en pas gras
Ne me plains pas, je m'en envoie
Ma sainte semaine, même grâce à toi
Tas de kebabs pas mal au foie
Comme assisté socialement
On m'a dit prends un job de fainéant
Hélas encore du boulot !
Pour moi chômeur, c'est beaucoup trop
J'ai trouvé bien moins fatiguant
Me déguiser en étudiant
M'inscrivant à la faculté
Pour un diplôme sans débouchés
Licence de bio, deug de psycho
J'en palpe les bourses sur un plateau
Pour l'ordinaire, CROUS, solidaire
Malgré amer, rata offert
Pour qui fréquente rarement les cours
Vraiment gâtés, permis de séjour
S'instruisent gratos, les sans frontières
Voulu acheter moitié d'un quart
D'un appartement même à l'écart
Mais un crédit sur 37 ans
Sûr que j'aurai plus mal aux dents
La banque suit pas les corbillards
Peux pas me permettre tirer la gueule
Sécurité et mutuelles
Si généreuses les APL
Me payent les courses chez Lidl
Là-bas t'as tout à vil prix
Par-dessus le marché, gastro aussi
(Vue la fraicheur de ses produits)
Pondre un baigneur, chose admirable
Toute une portée, ça devient rentable
J'opte pour une famille nombreuse
Transforme ma Dame en mère porteuse
Alors merci à mes allocs
Viens ma chérie, te remets en cloque
S'agit de payer, ce cher loyer
Pas sans limites planche à billet
Vais faire mon tour chez Emmaüs
Pas mécontent de chiner les puces
Pour ramener quelques bricoles
Toujours utiles, en cas de blocus
Me réconfortent ces bénévoles
Genre Abbé Pierre, versent leur obole
Pas toujours été estropié
Encore de la crasse sur les doigts
Par chance en invalidité
L'Etat me paye ce qu'il me doit
Heureusement force à la loi
Ok, pas assez cotisé
Mais pas ma faute, maigre retraite
Des ronds de chapeau j'en ai bavés
Mérite pas des clopinettes
A peine quelques centaines d'euros
Sur mon compte, carte visa
Pourriez-vous vivre avec ça
Manquent nombres de zéros
Salaire de la peur, en fin de mois
Oui pour une fois, bravo la France
De prendre soin de ses démunis…
(Besoin prendre des vacances
Perdu la tête cette patrie
Nous faisant part de ses folies
Douces chimères, y croit aussi)
Guère épargné par l'existence
Me fie plus qu'à la providence
Une autre histoire les ordonnances
Qui nous condamnent à nous taire
De trimer dur, réfractaire
Tout le contraire de Jupiter
Ne me nourris que de mes vers
Libre comme l'air, vogue la galère JC Blanc septembre 2022 (Echos d'AS honoraire)