Atomes

Christian Lemoine

Intranquille, quelle que soit la planète, quelle que soit la lumière de là-haut qui peut-être nous guette. Ce matin-là, c’est Mars, basculé dans la nuit sur l’ombre encore tendue vers l’horizon occidental, sa pupille rouge claquant dans le ciel vide, alors que de l’autre côté de la sphère de cristal l’aube avale les pauvres étoiles épuisées. Hier soir, de l’est et sud, s’apostrophaient à-travers l’amplitude sans limite du gouffre effrayant Mars et Jupiter, dérisoires loupiotes dominées dans nos oreilles par les mélodies martiales d’Holst, mais combien plus impérissables. Les bascules des rotations manipulent les astres, ajoutant du temps au temps. Et ainsi d’un matin qui tait de sa nature le caractère fatal. L’œil guilleret ou éploré qui observe encore l’épingle rouge dans le ciel d’ouest ignore qu’il ne connaîtra pas le soir.
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