Au bar des cocus

stockholmsyndrom

Y'avait là trois jeunes pouces

Apprentis de l'amour

Se noyant dans la mousse

Et contant leurs discours

Chacun avait la femme

La plus exceptionnelle

Chacun avait la flamme

Chacun avait la peine...


La mienne, dis le premier

Elle est tellement belle

Que la beauté elle même

S'incline devant elle

Elle fait rougir la nuit

Elle fait pâlir la braise

Elle a fait de ma vie

Un champ de terre glaise...


Elle voudrait me quitter

Parait qu'c'est ma dégaine

Que j'ai l'air d'un laquet

Dans ses soirées mondaines

Elle voudrait me quitter

Pour un garçon d'café

Qui sert le whisky glace

Avec beaucoup de classe....



Ma femme, dis le deuxième

Est si intelligente

Que les têtes savantes

Ont la cervelle ballante

Devant tant de charisme

Ma femme c'est l'élitisme

À côté j'ai l'air triste

Une ode à l'illettrisme...


Elle voudrait me quitter

Parait il c'est ma verve

Parait qu'je parle du nez

Parait qu'je parle p'tit nègre

Elle voudrait me quitter

Pour un garçon d'café

Qui parlerait Français

Comme un Prince distingué...




La mienne, dit le troisième

C'est une vraie furie

On dors jamais la nuit

C'est une Rolls-Royce au lit

Avec elle je m'éclate

Avec elle je m'épuise

Elle redresse à chaque fois

Ma noble tour de Pise....


Elle voudrait me quitter

Elle, elle dit qu'c'est pas Pise

Où alors éffondrée

Molle comme ma chemise

Elle voudrait me quitter

Pour ce garçon d'café

Qui aurait tout de dur

Un peu comme notre rupture...



Tous les trois regardèrent

Leur reflet dans la bière

Et d'un air grabataire

Ensemble décrèterent

Qu'ils étaient convaincus

D'être tous trois cocus

Et ils se persuaderent

N'avoir pas assez bu

C'est alors qu'un garçon

Musclé comme Apollon

Derrière le comptoir

S'approcha des pochtrons

Leur servit un whisky​

En toute sympathie

Rajouta de la glace

Et s'exprima ainsi:



Messieurs

Messieurs

Messieurs

Relevez la tête

N'ayez pas tant d'émoi

La vie est une fête

Faites la de ce pas

Ne pleurez pas vos femmes

Riez bien du destin

Levons nos verres aux femmes

Qui jonchent nos chemins

Et puis dites vous bien

Qu'aucune n'est parfaite

Cocus vous êtes peut-être

Mais bien débarrassés

Pour avoir la parfaite

Il faudrait une triplette

Je me fait vos parfaites

Trinquons à ma santé!


Tchin!


Tchin!


Tchin!


Tchin!




... ... ...

A

'l'batard.

Signaler ce texte