Au bord de ma falaise, je t'ai pleuré…

leo

Pleure !

Ne laisse pas tes étagères intérieures s’encombrer de bocaux lacrymaux. Taris chacun d’entre eux d’une sécheresse saine et véritable. Lorsqu’enfin ton cœur sera creusé des sillons de détresse éplorée ; les larmes des autres déferleront, unies dans le lit que tu leur auras façonné.

Les tristesses répudiées raviveront tes germes meurtris.  De ces pousses, aux racines mandragores,  pousseront des feuilles de générosité. Aussi vastes que le monde compte d’âmes en débâcles.

Pleure et hurle !

Destitue la lune de sa polymorphe trahison. Dépossède-la de ta nuit, qu’elle retient prisonnière.

Assassine ton sommeil, au songe purulent. Libère ton rêve captif, de sa geôle endémique ; car l’astre détrousse l’homme pauvre, de ce qu’il a de plus beau. Déploie tes poumons rachitiques et perfore sa pâleur. Ebranle la voute céleste du blast terrien. Entends-tu ta révolution qui grouille d’impatience clarté ?

Pleure, hurle et revendique !

Gravis les barricades de ta voix serpentine. Mue ta perfidie en vice constrictor. Etouffe-la des anneaux de l’orgueil orphelin. Ampute ta langue fourchue de  ton corps mourant, battu par les vagues océanes. Génocide tes haines en tes cellules rédemptrices. Renie-les, à la face du monde ! Le bûcher des va-nu-pieds  enfantera d’un fakir. Ta honte, dansera sur l’appeau, ivre de ton pardon, de ta vérité, distillé à l’alambic rébellion.

Pleure, hurle, revendique et meurt.

De toute ta force, suicide ton ombre vengeresse. Etête ta colère sur le billot de tes vanités. Ecume ta gorge du pus asphyxiant. Libère ton dernier râle de toute la quintessence d’une vie sacrifiée. De tous tes pores, sue de tes acuités éperdues .Gonfle la voilure de ton autel, en partance pour les cieux. Expire ton dernier regret. Celui de t’être détesté à défaut d’avoir aimé les autres et l'unique...

Pleure, hurle, revendique, meurt et

                                                       … ouvre les yeux sur ton nouveau monde…

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