Au début, il y a un cri.
tania
Au début, il y a un cri. Une petite fille aux longs cheveux bruns fait face à un homme. Ils sont assis au bord de la table rose, ils déjeunent. Au loin, par delà les vibrations de la cuisine et les haies du jardin mal taillé, la petite fille perçoit la chaleur de la cour d'école, les sifflements, les chahuts étouffés par la distance et le gravier qui s'effrite. Bientôt, il va crier. Elle aimerait le détourner de ses pulsions, de ses angoisses qu'elle ne comprend pas. Elle est trop petite. Elle croit détenir un secret que personne ne comprendrait. Un secret qui n'a pas de nom, pas de mots. Qu'elle partage avec les autres femmes de la maison. Un secret qu'elle raconte par les pulsations de son coeur, comme relié à celui de son père. Elle l'observe, redoute le moment du vacarme, animal. Quand le poing frappe sur la table, ses larmes roulent et attisent la colère du père, elles sont sa révolte asphyxiée. Mais elle ne peut pas crier. Aujourd'hui encore, elle s'étouffe, elle cherche l'air dans la maison près de l'école en Provence. L'homme a vieilli, la voix a faibli, de lui, elle a gardé de grands yeux tristes.
C'est très beau et bien écrit. J'aime l'image de l'école en Provence, à côté de la maison où se déroule un drame familial.
· Il y a presque 7 ans ·aile68