Au milieu de la foule

C'était une soirée spéciale, une de celles que j'avais attendu avec impatience depuis des semaines.

Je me retrouvais dans cette salle pas très grande, au bord d'une scène surélevée, salle qui se remplissait avec les minutes d'adolescents de tout genre, mais surtout de filles. Je m'étais dis que l'artiste devait vraiment plaire à la gente féminine, sûrement dû à sa belle gueule légèrement barbue et à son air timide et innocent.

Il ne m'avait pas fallu longtemps pour que la pièce soit pleine à craquer, et encore moins de temps pour la remarquer.

C'était comme si la foule s'était coupée en deux pour que mes yeux se rivent directement sur son visage.
Visage lisse avec une douceur inexplicable, des yeux clairs puissants -sûrement bleus-, de petites lèvres délicatement posées sur le bas de sa face, des lunettes fines et noires légèrement arrondies qui étaient posées sur un nez dessiné avec un trait fin, sa tête ornée de cheveux courts et blonds, et surtout un air mystérieux qui m'intimidait tant.

Je la revivait à travers cette Inconnue : c'était sa réincarnation singulière et énigmatique.

Malgré la musique qui retentissait dans mes oreilles et le chanteur dont j'avais tant attendu la venu, je ne pouvais quitter le regard de cette fille. Elle était d'une beauté semblable à son modèle. Une copie parfaite. Je sentais à nouveau mon cœur battre, lui qui était si déchiré maintenant. J'avais pourtant essayé d'arrêter de croire aux signes, au destin et à toutes ces conneries, mais ce que j'étais en train de vivre était trop flagrant pour être une chose anodine. Je revoyais Chloé au travers des yeux de l'inconnue, ses gestes, et même si je n'avais pas vue le sien souvent, je reconnaissais ce sourire éblouissant en regardant la fille.

« Un soir quand je l'avais raccompagné devant chez elle, j'avais eu le droit à ce grand sourire ravageur. Je me rappelle de ce jour comme d'une date importante, cette même soirée où je la dévorais du regard et elle des yeux. Ou je me sentais bien, devant elle comme un stupide muret sans oser bouger de peur que ce ne soit qu'un rêve et que tout s'évapore sous un mouvement. J'étais heureuse et au fond de moi, mon cœur bouillonnait d'amour. »

J'ignorais si la blonde me rendait mes regards, ou si il s'agissait simplement de mon désir que ce ne soit pas elle mais bien Chloé qui me fixait comme elle le faisait autrefois qui prenait le dessus, mais l'impression était bien là. Je ressentais la folie qui s'activait dans mon crâne.

Le concert venait de s'achever, les gens sortaient par les deux portes de sorties qui venaient de s'ouvrir, un peu comme à la fin d'un film au cinéma. Ma tête tournait, et je traquait les visages à la recherche de celui de l'Inconnue. Il était introuvable alors que je l'avais quitté qu'une petite seconde. Mon cœur s'était mis à s'accélérer, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer. J'avais réussi à retrouver la trace du groupe de filles qui étaient avec elle, mais pas de blonde à leur côté. J'étais déboussolée. 

« Elle était entrée dans ma vie d'une façon banale. Elle avait tout bousculé dans mon quotidien. C'était ça, le pouvoir de Chloé : bousculer les gens et leur vie. Comme ce soir où je ne l'ai plus revue. Comme cette photocopie vivante d'elle qui venait également de disparaître de ma vue et de ma vie si subitement. »

Un mirage. Ce n'était rien d'autre qu'une personne irréelle qui me la rappelait, comme toutes ces choses que je voyaient et qui me ramenaient sans cesse à elle.

Elle n'était pas réelle, ou du moins, ne l'était plus à présent.
Ni Chloé, ni son clone ou toutes ces absurdités qui me faisaient penser à elle et à nos moments ensembles.

Elle n'était plus et ne serrait plus jamais. Elle était partie.

Et puis moi, comme une imbécile, je continuerais à la voir et à la ressentir partout autour de moi. Comme un mauvais cercle vicieux. Comme une mauvaise blague mais bien réelle.

Elle me hantait.