"Barbeuk" d'été solennisé

Jean Claude Blanc

retour des grillades, charbon, braise et saucisses rôties... gros rouge qui tache, franches rigolades, paillardes à gogo, c'est les vacances pour les prolos...sans penser à demain, vaches maigres...

                  « Barbeuk » d'été solennisé

Pour se bâfrer, gaulois français

Pas le dernier aux mois d'été

Short, chemisette et nus pieds

Mais avec un certain doigté

Légumes légers et saucisses fraiches

C'est les vacances, faut profiter

Oubliant qu'il est dans la dèche

 

Le ciel est bleu, le soleil brille

Bonne occasion pour festoyer

Autour d'un bon repas de famille

Self-service, pourquoi se gêner

De côtes de porc cuites sur le grill

Pour le régime des jeunes filles

Chipolatas dégorgées d'huile

Table, parasol, posés sur le pré

Même le bronzage assuré

N'y sont admis que les initiés

Dignes d'intérêt esprits grivois

Rabelaisiens, qui en distillent

De leur alambic, pas mal au foie

 

Pour accueillir nombres d'invités

Ne s'agit pas de lésiner

Acheter en grande quantité

Bidoche, pinard, pommes de terre

Pour qu'ils repartent rassasiés

Complimentant le savoir faire

De la besogneuse ménagère

 

Savoir choisir le meilleur

Pour le plaisir des connaisseurs

Pas de viande hallal pour les uns

Pas de kacher pour les autres

Tous affamés, alors se vautrent

Pour le gosier, tous chrétiens

Gardant pour eux leur amour propre

Afin ne pas se tracasser

En guise d'assiettes que davantage

Plastique, papier, faciles à jeter

A la poubelle après usage

Même si les verts ont la rage

(Peu d'écolos, en mon village

Heureusement, en seraient privés)

 

Ainsi posés à volonté

Masses de bouffe à satiété

Car y'a du monde devant le buffet

En cette période où il fait chaud

Pour se délecter de gros gigots

A dégueuler, tripes et boyaux

 

Pour ripailler, ne pas se tromper

Joyeux lurons, les bienvenus

A refuser gueules d'enterrement

Car s'agit bien de se fêter

Se congratuler sans faux semblants

En dédaignant ces peignes culs

Qu'ont pas la langue bien pendue

 

La solution pour faire la noce

Se fier à la fée Carabosse

Femme dévouée au sacerdoce

Règne au foyer, matrone qui bosse

Habile pour mixer les sauces

La parité est essentielle

Couples échangistes…que de quolibets

Sinon ce serait le bordel

On n'est pas là pour plaisanter

Chacun vantant ses qualités

Mais rarement sa vanité

Jolie bagnole, chèrement payée

Sous-entendu, traites à la clé

 

Vaste question, pour nos sales gosses

Fouinant partout, suçant leur pouce

Rêvant de Mac do, on les exauce

Finalement se la coulent douce

Chipotent à part des adultes

Pour éviter langage de putes

Sachant qu'ils sont pas ignorants

En apprendraient à leurs parents

Mais avant tout les éduquer

Pour pas passer pour des sauvages

Ainsi que grossiers personnages

Pour une fois se faire respecter

A leur place, assignés

Se faire obéir, ça fait branché

A cette époque, plus à la page

 

Ne rien omettre pour faire bonne chère

Se pointer à l'heure, pile à midi

Car bien qu'amis et solidaires

Faut pas fâcher la cuisinière

Sinon dessert interdit

 

Car en congés, temps compte guère

Seulement celui que l'on digère

Pour s'achever, eau de vie, pas clair

A s'évanouir, en tomber raide

Partie de boules, sur le derrière

Le cochonnet, pas bon remède

 

Entre copains, pas de manières

Par contre déjeuner sur l'herbe

Peu de partisans, y'a des moustiques

Ces dames craignent que çà les pique

Rien que s'assoir, ont la gerbe

A prendre la poudre d'escampette

En tant que convives, pas très correcte…

 

Aussi m'apprête un de ces jours

A offrir l'hospitalité

Logiquement c'est à mon tour

De me prêter à ce rituel

Me bouderaient, potes de bordées

Si toutefois, m'y montre rebelle

Pas très futé en ma baraque

Va me falloir faire des miracles

Comme je suis sacré blagueur

Commanderai tout chez le traiteur

J'affirmerai, que j'ai tout fait

Artiste doué pour mitonner

Pour être sûr couvert d'honneur

 

Le plus souvent à va je te pousse

D'un bout de pain, nourris mon corps

Alors dois faire un effort

Hèle ma voisine à la rescousse

Car la tambouille, c'est pas mon fort

 

Le principal est préservé

Pour claironner, vais pas me gêner

Que je suis né pour satisfaire

Mes vrais intimes, presque mes frères

Manquera sûrement mes proches amers

Mes sœurs, mes beaufs et ma vieille mère

Supportant pas ma partenaire

 

Autre sujet, mais qui fait tache

Car on s'adore d'un amour vache

Les plus aimables, charitables

Ce sont souvent les étrangers

Préfèrent mon rata misérable

Preuve que je suis rasséréné

Toujours fidèle à leur égard

Lorsqu'ils broient des idées noires

Leur ouvre grand tous mes placards

Pour une ventrée, de choux et de lard

Surtout pour un kil de rouge

Car on s'en fait toute une gloire

A rire à gorge déployée

En fréquentant de sombres bouges

Lorsqu'il se fait tard, certains soirs

Buvant un coup à notre santé

Le reste n'est que futile principe

Aux repas de classe, je participe

Tout en fuyant les hypocrites

Des faux semblants j'en ai ma dose

Dans ces cabinets où l'on cause

Qu'une journée humeur guillerette

Année durant, en ma retraite

L'esprit ailleurs, j'y assiste…

Pour vivre tranquille, demeure planqué

Sauf pour mes bandes d'aliénés

A qui je chante à la sauvette

Mes dévotions de pieux poète

En me gelant les cacahuètes

Me gargarisant pas d'anisette

Tellement goûteuse ma piquette

« Barbeuk » d'été solennisé

A l'attention des vacanciers

Jouant bonheur sur les sommets

En attisant leur brasier

Que d'amateurs, alors danger

Réalité de ces charbonniers

Car par les flammes, dévorés

Appellent au secours sapeurs-pompiers

 

Encore histoire mais que pour rire

Pourtant sales mœurs les corridas

Ça sent la bêtise qui transpire

Quand le populo donne de la voix

A sa façon dans ses rurales

Communautés où se régalent

Les paysans, les roturiers

Se contentant d'une cheminée

Les simagrées, pas leurs coutumes

Car ils n'ont pas assez de tunes

C'est comme tuer sous les olés…

Un bovidé, avec l'épée

Qui va finir grillé à point

Dans une poêle pour bec fin

(Cher le beefsteak chez le boucher)

Alors de toutes ces habitudes

Je m'en retire, désabusé

Pourtant me plait d'en faire l'étude

De cette bizarre humanité   JC Blanc juin 2018

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