Bien ou mal

Jean Marc Kerviche

L'œuvre du bien avec les armes du mal.

Réflexions personnelles

Le bien et le mal sont des notions subjectives indissociables. L'une ne va pas sans l'autre. On peut justifier le mal à cause du bien qu'on se destine à apporter et l'utiliser pour parvenir à des fins comme d'engager une guerre contre ce qu'on considère comme étant le mal, et donc justifier un engagement qu'on estime bien pour apporter une solution contre ce qu'on considère comme étant le mal.

Mais l'engagement dans une guerre pour défendre un bien peut revêtir à terme comme d'une disposition à faire le mal.

Preuve en est que parfois on justifie le mal par le bien qu'on entend défendre, et obtenir le bien en utilisant le mal pour y parvenir.

Ce qu'il faut retenir et qui est révélateur, c'est qu'on justifie le mal qu'on perpétue par le bien qu'on est en droit d'espérer, ce qui fait qu'on réalise souvent que le mal exercé était justifié du fait qu'à terme on est parvenu au résultat espéré alors que tout nous condamne si l'on n'y est pas parvenu. Ce qui fait dire que les vainqueurs ont toujours raison.   

Ce qui est aussi révélateur c'est qu'on justifie le mal pour une cause qui nous dépasse et dont nous n'assumons aucune responsabilité comme ces guerres ou ces génocides qu'on nie pour s'éviter une culpabilité trop prégnante et qu'on rejette. Adolf Eichmann n'était qu'un fonctionnaire aux ordres, Klaus Barbie un soldat. Un assassin a toujours une justification, voire une excuse et quand il n'en a pas, et surtout quand il prend conscience du mal qu'il a lui-même perpétré au point de se juger lui-même, il va jusqu'à nier toute exaction, toute responsabilité, entre ensuite en aphasie, s'empêche de vivre… ou se suicide.

Lire à cet effet le dialogue aux enfers de Maurice Joly qui met en scène Machiavel et Montesquieu l'un défendant l'Injustice l'autre le droit et la liberté.

Donner du pouvoir à un faible et il sera intraitable pour ceux dont il aura la charge et les puissants savent comment tenir le peuple en asservissement en les utilisant.

Faire prendre conscience à un faible et lui reconnaître qu'il est utile, et ce quelle que soit son utilité suffit à le gonfler d'orgueil. L'armée, la police, ne font pas autrement pour utiliser à leurs propres fins des hommes qui ne soupçonnent pas un seul instant qu'on les utilise.

Les tenants d'une quelconque cause ne pratiquent pas autrement pour attirer à eux djihadistes, révolutionnaires ou terroristes. Ceci étant que je ne confonds pas les uns cités plus haut des autres cités ici ! 

Camus dans "Les justes" a décrit la manipulation exercée sur un groupe d'individus dans les années 1905 en Russie par une cause qui pourrait sembler juste au prime abord pour nombre d'entre nous. Il met en scène la préparation d'un acte terroriste dans lequel les participants aspirent à mourir en martyrs "Mourir pour l'idée, c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée" et "Rien n'est défendu de ce qui peut servir la Cause"... même la mort d'enfants innocents ! 

Les djihadistes aujourd'hui ne font pas autre chose. Ils n'en n'ont même pas conscience.

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