Broussaille...

Jean Marc Frelier


Broussaille...



On l'appelait broussaille
Rapport à sa tignasse
Ses cheveux en bataille
Cherchaient tout seuls leur place

Surnom qu'il portait bien
Ignorant les coiffeurs
Ses doigts au bout des mains
Lui peignaient la hauteur

La bouille illuminée
Broussaille était sans âge
L'incarnation sur pied
De l'idiot du village

Il était un peu lent
Toujours en décalage
L'esprit souvent absent
Tardif à l'allumage

Le roi du p'tit boulot
L'employé des communs
Curant les lavabos
S'occupant aux jardins

Habitant d'un taudis
Au bout de la grand -rue
Il traversait la vie
Comme on suit un rébus

Parlant moitié français
Jurant en vieux patois
Chacun s'en occupait
A sa façon à soi

Monsieur jean c'était moi
Comme il me surnommait
L'intello de l'endroit
Le monsieur qu'écrivait

Un jour d'été plus chaud
Mourut une mémoire
Une édentée des crocs
Pas vraiment des mâchoires

Sans amis ni parents
Une vieille oubliée
Un peu folle en-dedans
Aux larmes desséchées

Personne aux funérailles
Pas même un seul voisin
Juste moi et Broussaille 
Sur son dernier chemin

Devant sa fosse ouverte
Tous deux à méditer
Nos Silhouettes inertes 
Dans ce matin craché

Dites un mot ou bien deux
Monsieur jean pour prier
Tu vois moi et ton D.(dieu)
On est un peu fâchés

C'est pour sûr qui vous aime
Le tout-puissant d'en-haut
Vous brillez des poèmes
Faites-en lui cadeau

Non c'est ton tour Broussaille
Dis-lui donc ta prière
Qui viendra des entrailles
De ton grand coeur sincère

En chevrotant un peu
Tous les mots sont sortis
Eclairer le pluvieux
De ce jour morne et gris

La prière de l'idiot.......................( didascalies : debout sur sa gauche , au fur et à mesure des
paroles prononcées le visage de monsieur jean se tourne lentement vers l'homme habité alors que
ses lunettes s'embuent...)

La prière de l'idiot...

La terre hai reprend tout
Après avoir donné
Des bras autour du cou
Des yeux pour regarder

Les jours y'a qu'une étoile
Et les nuits des milliers
En hissant le grand voile
Vous vous êtes envolée

Les maisons du village
Hai vous aimaient pas bien
C'est pas beau c'est pas sage
De pas tendre sa main

La saison du mourir
Hai vient toujours trop tôt
Interrompre les rires
Mettre bas les chapeaux

Je sais pas si quelqu'un
Pense à vous quelque part
Mais nous viendrons demain
Vous fleurir le départ.

Amen

A...AH...men ( didascalies : sanglot caché de monsieur jean dans une toux grasse de circonstance)

Depuis cet instant vrai
Où le temps s'arrêta
Chez moi je l'accueillais
Pour lire à haute voix

Monsieur jean c'est si beau
Ecoutez ça bon D.(dieu)
Quel envol ce Rimbaud
A se mouiller les yeux

Dis Broussaille si j'meurs
Tu pourras dire un mot
Bah ç't'affaire à cette heure
C'est encor bin trop tôt

Broussaille mon ami
Tu t'appelles comment
Monsieur moi c'est Denis
Tu dois m'appeler jean.

jean-marc frelier 15/05/2011 (ev)
les poésies dertaliennes
( Copyright Exclusif ) 
Dédicace : Monsieur Emile Zola

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