Candide résolution

Jean Claude Blanc

tranche de vie d'artiste...sans illusions

                            Candide résolution

En a rêvé depuis tout petit

Sa maisonnette en la prairie

Afin parfaire ses acquis

En a bûché, ses jours, ses nuits

Tout ça pour ça, s'en est privé

Jouir l'instant d'en profiter

Encore jeune, en bonne santé

 

C'était inscrit dans sa cervelle

Aucun problème existentiel

Se consacrant à l'essentiel

Futur chom'du, qu'une bagatelle

 

A appuyé sur toutes les touches

De la réussite matérielle

Car pour bosser c'est un farouche

Sûr d'atteindre le 7ème ciel

Pas d'abstraction, sur le fric louche

 

Bazardant ses maigres connaissances

Pour quelques sous d'intelligence

Prenant son mal en patience

Tandis que brille sa suffisance

Inconsciemment sans conséquence

 

Sage héritage de ses parents

La politesse, l'entregent

A l'égard de ses congénères

Pas une lumière en la matière

Singe savant, la belle affaire

Même incapable de commentaires

Sur le sens des mots du dictionnaire

Qu'ignare artiste qui perd ses vers

 

L'heure n'est plus à cogiter

Comment se fâche la planète

Qui a tendance à s'échauffer

Va pas se faire suer comme une bête

A réfléchir à perpète

Pourquoi sauver l'humanité

D'ailleurs âgé, à la retraite

 

Bien que dressé, ce cœur de lion

Que faux jeton de caméléon

Vibre d'hommages à la Nation

Ou se défile ce poltron

Suivant le rythme des élections

Du bon côté ce fanfaron

 

Pas très malin, mais pas sa faute

N'a rien appris des croquenotes

Qu'auprès des nuls, il a la côte

Se suffisant de l'air du temps

A sa télé, assis devant

Les marionnettes qui se chipotent

Patrick Sébastien, french cancan

 

S'agit pour lui, être dans le vent

Des imbéciles innocents

Qui se paient la tête, pas gênés

De plus niais qu'eux, ânes bâtés

 

Mais quelle victoire pour ces champions

Qui s'accaparent le micro

Pour les plumer leurs dindons

Les affublant de tous les maux

Brassées de cons, sans opinion

 

Voués à l'enfer des sentiments

Si émotifs les poètes

Qui de la misère se l'attribuant

Se la déballent, claire et nette

J'en fais partie, candide navrant

 

En cette période de vacances

Ma hargne gâche un peu l'ambiance

Mais l'amnésie pour moi utile

Considéré comme débile

Alors pourquoi me faire de la bile

Pour éviter remords et torts

Illusionnistes sont pas morts

S'aménageant certain confort

Une bicoque avec piscine

Même si ça coûte une ruine

Grâce à l'emprunt, (pas cousus d'or)

Soudainement ils se débinent

De leurs tracas, les plus infimes

 

Plus de vœux pieux que vaines prouesses

Sitôt qu'on sombre dans la paresse

Guidés que nous sommes par l'ivresse

D'autres messies, nous chantent la messe

Banquiers ravis, qui en encaissent

Aux endettés, leur bottent les fesses

 

Bizarre progrès, hélas fatal

Pour ceux qui souffrent de fringale

Envieux qui lorgnent l'inutile

Nouveau serment du jeu de quilles

Déjà dégommée la Bastille

Mais dur d'avaler la pastille

L'imposition, taxes légales

 

Mais l'animal à 2 pattes

Doté du sens de l'épate

Se relâchant, se carapate

En bord de mer avec hâte

Pour un séjour à crédit

Bronzé, fauché, regagne son nid

Désormais bouffe des radis

Pas paix royale, leur Paradis ?

 

Le philosophe sur son rocher

Médite seul, désolé

Mégotant pas sur ce sujet

Fraternité, Egalité

Pour si peu de solidarité

Reste à chercher la Liberté

Souvent absente sans intérêt

A craindre ce monde pas folichon

Qu'est possédé par son démon

Mais ne fait plus que religion

Pour la fortune, le pognon

Si démuni, qu'il tourne plus rond

Rares biftons à l'horizon

En cas de racket, case prison

 

Finalement pas difficile

De satisfaire les plus serviles

Marnent à la chaine durant l'année

Pour des congés bien mérités

4 semaines, pas assez

Loin de l'usine et ses valets

(Vraiment absurde répéter

Cette imparable réalité

Etant nous tous concernés)

 

Que d'artifices qui ne servent à rien

Seulement faire comme les autres

Ainsi se gausse, français moyen

Bondée la plage où il se vautre

Photos pour faire marrer ses potes

Dès le retour à son turbin

 

L'éducation, passée par là

De nos ancêtres les gaulois

Touristes morfales, du lard gras

Qui en abusent, ducons la joie

Pétanque, sieste, pastaga

Alors bonjour les gagas

A récolter une crise de foi…

Ne communiant qu'au bar tabac

 

Pratique façon pour les courses

Tout à portée pas besoin de plats

A condition, pleine la bourse

Mac Do, kébab, rapide repas

Sans se déplacer on a le choix

Des ortolans pour les bourgeois

Et pour les pauvres bisounours

Régime à se serrer la ceinture

Selon la loi de la roture

 

Pour les vieillards, modeste masure

Et pour les nobles en culture

Une austère fière sépulture

En souvenir pourvu que ça dure

 

La vie qu'on mène, qui exaspère

Le résolu qu'encore espère

La remodeler cette Terre

N'a pas fini de ses galères

Face à ces masses populaires

Qui se maudissent entre sœurs et frères

 

D'une parcelle propriétaire

Uniquement d'une chaumière

En mon Auvergne de bruyères

Préfère avoir comme monture

Une paire de lunettes pour y voir clair

Contemplateur des dorures

Que le soir dessine sur crêtes altières

Magique offrande de la nature

 

Etant d'essence visionnaire

Selon la ponte de ma mère

Mais sans succès, auteur maudit

A devenir libertaire

Sur les sommets de la poésie

Je laisse braire, la fourberie

 

Simulateur, vous avertis

Pas de châteaux ni chouette Espagne

Qu'un bout de ferme en ma campagne

Et un grand pré, d'herbes fleuries

Car la montagne, ça me gagne

Hors des cités, leurs tyrannies

Depuis tout gosse, compte que des amis

Ainsi que de fidèles compagnes

Ces demoiselles, noires pies

(N'ai de répit, faire de l'esprit

Tellement me tient la nostalgie)

 

Avec allusions à la pelle

Me sert de corde de rappel

Ce magnifique Jacques Brel

Dont j'ai pompé génial récit

Placé au rang des Immortels

Reposant aux îles Marquises

Dernière demeure, des plus exquises

Sous le soleil de Tahiti

 

Non loin de la tombe de Gauguin

Pour s'en conter entre voisins

Poubelle la vie des citoyens

Plus que jamais européens

 

Français et belge, ces 2 coquins

Unis, l'un peintre, l'autre comédien

Chers désormais, leurs chefs d'œuvre

Mon cervelet mis à l'épreuve

Pour en piger chansons, dessins

Y'a pas doute, mémoire est veuve

A regretter ces anges défunts        

 

Alors candide résolution

Ne jamais prendre le melon

Pour une simple composition

Dont j'ai le don et dans le ton

 

Ne veux pas vendre, mon âme au diable

Que créateur de mes fables

Qu'on m'applaudisse, peu probable

Dois faire amende honorable

Auprès de qui tombe sur le râble

Moi-même lecteur de mes sottises

J'en ris, j'en pleure, par l'entremise

De mes têtes de Turc, pas une surprise…  JC Blanc aout 2018

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