Canicule ou "cani-pull"
Jean Claude Blanc
Canicule ou cani-pull…
En ce mois d'août, je coince la bulle
Pourquoi aurais-je des scrupules
Car en guise de canicule
Ce serait plutôt la « cani-pull »
De l'aube jusqu'au crépuscule
Sont pas nombreux les vacanciers
Sur le plan d'eau pour s'y baigner
Qu'avec un sweet, serait risqué
Même le comble de se noyer
Alors que passent les congés
Guère de monde sur les chemins
Tranquilles chez nous entre voisins
Pas bien venus les clandestins
Ça tombe à point, il pleut des grains
Des trombes d'averses dès le matin
Le parapluie souvent de mise
Pour éviter mauvaise surprise
Une paire de bottes et un k-way
Tant change le temps, sait-on jamais
Le soleil de plomb, faut le deviner
Ce que je me conte, illustre bougna
En vérité, pure invention
Comme bonnet de nuit, me pose là
Déjà que me lave qu'à l'occasion
Juste pour aller aux commissions
Sur la plage on ne m'y verra pas
Deux mois d'été, plus qu'assez
Tourner en rond sur mes sommets
Même pas parti à l'étranger
Tellement fauché comme les blés
Bouffer des raves restant de l'année
Recevant quelques cartes postales
De mes copains qu'ont pris le large
Insatiables d'espace vitale
Ne boude cet avantage
Virtuellement pars en voyage
Parait, tout bon pour le moral
Voir l'Amérique, la bourse plate
Remise aux calendes grecques
Alors je dois fermer ma boite
Y renoncer pas pour mon bec
D'ailleurs ce serait en pure perte
Milliers de kilomètres, plus guère alerte
Qu'aurais-je de plus me dépenser
Crever de chaud, une peur bleue
Dans un avion bourré de cinglés
Pour le détourner, le faire péter
Ainsi me console comme je peux
Prenant mon pied sur les sentiers
Considéré comme vieux jeu
Quand même amer et morose
Seul planté en ma bourgade
D'y végéter pas vraiment rose
Faute de fric, j'y reste en rade
Bien entendu, fausses excuses
Pardonnez-moi si j'en abuse
Sans cesse de taquiner ma Muse
Paisiblement en ma cambuse
A tout choisir, préfère l'automne
Arrière-saison, morne, monotone
Qu'inspire mon cœur pour ses couleurs
Changeantes, fuyantes selon les heures
Penchant pour ces jours de septembre
Où les feuillus se défraichissent
Se colorant de rose tendre
Pour me charmer, moment propice
Mélancolique ce refrain
Suis né ainsi, je n'y peux rien
Mais éternel souverain
M'impose mes brumes de ciel chagrin
Pas partisan d'aller voguer
Sur la mer Méditerranée
Que d'eau salée pour réfugiés
Qui s'en abreuvent à satiété
Comme péquenot, pas franchement de taille
A me mesurer à ces rapaces
Qui se font bronzer sous toutes les faces
Trainant leur sac de boustifaille
Sur une serviette, trouver leur place
D'où mon glacial préambule
« La canicule, la cani-pull »
Pas si loin que ça, réalité
En mon pays d'Auvergne frisquet
Je n'envie ces plaisanciers
Qu'économisent toute une année
De quoi flamber en une semaine
Ce qu'ils ont gagné, pour faire carême
En attendant vacances prochaines
Dansant vainement devant le buffet
Même pas surpris, ni attristé
En ma demeure de retraité
Au nécessaire accoutumé
Faisant mes courses qu'à bon marché
Bientôt l'école, la rentrée
Chères les tas de fournitures
Durs mes hivers, villégiature
Habitué à me la serrer
Cette ficelle de ceinture
Ne fait me plus aucun effet
Peau sur les os, balèze de nature
Qu'il pleuve, qu'il vente, j'ai mon confort
Dont j'aménage le décor
Pourvu que demain se lève encore
Sur ma carcasse, bravant la mort
Quelques rayons miraculés
Sur mes contreforts du Forez
Suffisent à ma sérénité
En révélant sacrés pastels
Mon Dieu que mes forêts sont belles !
Comment plus les décourager
Ces citadins, toujours pressés
Sachant qu'ici on prend le temps
De vivre et mourir, lentement
Car de courir, terminé
Avec une canne d'handicapé
Serez prévenus, gens de la ville
Pour résister à ces outrages
Faut pas se montrer difficile
Mais s'endurcir à l'ouvrage
Surtout pas craindre d'en baver
En s'endormant sur vos lauriers
A peine ces près, bon à faner
Sont d'un orage vite arrosés
Ne cherche pas vous dissuader
Venir ici nous visiter
Mais vous préviens, faites pas les cracks
Munissez-vous d'un anorak
Conseil d'ami, déjà patraque
Mais fier jaloux de son terroir
Riche fertile, d'oiseaux rares
Dont je m'inclue, semblable cafard JC Blanc août 2017 (salutations de là où je moisis)
Haha! J'aime bien votre tableau entre morosité et fatalisme.
· Il y a plus de 6 ans ·Chez moi on dit que celui qui n'arrive pas à attraper la grappe dit du raisin qu'il est aigre.
A méditer.
unrienlabime