Caprice

caiheme

Variante de Vian

Je ne voudrais pas sortir avant d'avoir perdu mes regards sur une mare rayée de canards.
Je ne voudrais pas sortir sans sentir une foule d'inconnus me traverser comme on traverse une rue.
Je ne voudrais pas sortir sans avoir trouvé ce que je n'ai jamais cherché,
cette poésie qui se sauve quand on veut l'attraper.
Je ne voudrais pas sortir sans connaitre ces heures qui font tomber les barrières,
les barrières de l'écriture,
celles qui font les ratures,
ces lettres étirées,
qui ne viennent d'aucun alphabet.
Je ne voudrais pas d'une sortie planifiée,
grossière et tapageuse,
qui accroche le vulgaire,
rend malheureuses les mères,
et tristes les pères.
Le choix du médiocre,
dont le succès consiste,
à faire de la place,
en libérant l'espace,
sa plus belle réussite.
Ce que je voudrais,
c'est une rencontre de hasard,
pareille à celle d'une fille,
pleine de tâches de douceur,
qui vient t'accoster,
et te toucher les mains,
pour te parler du livre,
qu'elle vient de refermer.
Un accident de regard,
du garçon qui t'observe,
du coin de l'œil et sourit,
puis finit par s'approcher,
pour venir t'embrasser.
Je n'aimerais pas finir,
parce que je n'ai pas le temps.
Je n'est pas suffisant,
si Nous pouvait sortir,
connaitre ce qui fait mourir,
pour permettre à Je,
de mieux connaitre la vie.
Je ne voudrais pas mourir,
c'est bizarre à penser,
car cette étrangère qui s'approche,
c'est elle qui donne envie,
de brûler comme une torche.
Je ne pourrais pas mourir,
puisque la mort c'est s'arrêter,
rester figé, ne plus bouger,
recommence le texte,
relis les mots,
mets du mouvement,
pour à nouveau,
être vivant.

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