Carnet, page 25.

poulpita

Le journal d’hier se fane sur la table. Pages gris ciment, titres encrés noirs, lettrines vieillottes. « Argent, Famille : la France se crispe ». Feuilleter, froisser, batailler, replier (à l’envers). On s’attarde, on s’informe, un peu.

International. Météo. Page 25. Carnet. On se désole du départ de. De Louise. De Michel. D’André. Et d’autres. Des travailleurs. Expert comptable. Officier de l’ordre royal du Cambodge. Ancien délégué général du comité central des armateurs français – rien que ça. Directeur de théâtre. Pionnier multi-liguiste. Plusieurs Légions d’Honneur – à croire que ce soit mortel.

De certains, on sait qu’ils étaient lecteurs assidu du journal. Pour d’autres, on soupçonne une vie généreuse :pas de fleur, ni de plaque, mais des dons à la Cimade; pas d’enterrement elle a fait don de son corps à la science.

Les veuves peuvent être jointes par mail @wanadoo ou @free. C’est malvenu, le supplément “Eco & Entreprise” nous annonce que les français croulent sous le courrier électronique. Autre solution, rendez-vous en l’église de Rougnat, à la chapelle Saint Louis de l’École Militaire, à l’hôpital Saint Antoine, au cimetière de Cisay-La-Madeleine, aux quatre coins de France.

Ils avaient entre cinquante et cent ans. Le Carnet, page vingt cinq nous dit qu’ils sont bien morts. Ont-ils bien vécu ?

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