Guerrière

My Martin

Reine Mère


Afrique de l'Ouest côtière. Sud-Ouest du Nigeria, Ouest du delta du Niger

Ancien royaume du Bénin, dominé par l'ethnie Edo

1517-1550. Masque pendentif Edo, à l'effigie de la Reine Mère Iyoba Idia (Benin City), emblème guerrier. Impérieuse. Sévère

Ivoire, fer, cuivre. 23,8 x 12,7 x 8,3 cm

New York, The Met. Metropolitan Museum of Art. The Michael Clark Rockefeller 1938-1961 Memorial Collection. 1972, don de Nelson Aldrich Rockefeller 1908-1979



Le visage oblong dégage une extrême puissance. Deux rides verticales sur le front, entre les yeux. Quatre scarifications parallèles, dans un cadre incisé. Les rides du lion, l'autorité. Les yeux aux pupilles noires. Nez court, larges narines en ailes. Bouche fermée. Cheveux ras, tempes dégagées.

La coiffe -des poissons ? Derrière, deux rangées de courtes tresses pointues

La collerette sous la mâchoire inférieure, entre deux courbes. Rangs de perles jusqu'au bord du visage

Au-dessus et en-dessous des oreilles, quatre anneaux, afin de porter le masque en pendentif



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Afrique de l'Ouest. Centre-Sud du Nigeria

groupe ethnique Edo. État d'Edo (créé 27/08/1991), "le cœur battant du Nigeria"

le Bénin, nouveau nom pris par la République du Dahomey, en 1975

du XIIIe siècle jusqu'à son invasion par les Britanniques en 1897, le royaume du Bénin est l'un des États les plus importants d'Afrique de l'Ouest,



Xe au XIIe siècle. Origine du premier royaume. Premier État fondé à l'Ouest du delta du Niger. Une cité-État du nom d'Edo (aujourd'hui Benin City) se développe. Les Edo ou Bini -d'où le nom de Bénin. Les Rois du Ciel -Ogiso- unissent plusieurs familles élargies, en un proto-État



XIIe siècle. Longue période d'anarchie. Nouvelle dynastie venue d'Ifé, fondée par le prince yoruba Oranmiyan. Second royaume

Les souverains prennent le nom d'Oba -dirigeant, en yuroba. Ils réduisent l'influence de l'aristocratie locale et centralisent le pouvoir

Les Oba sont belliqueux et guerroient contre leurs voisins. Le royaume devient une puissance régionale, sous le règne des Oba Ewuare, Ozolua, Esigie, Orhogbua et Ehengbuda. Avancées démographiques et économiques

Bénin est fortifée. Murs de terre autour de la ville, levées de terre dans le pays. Les talus seraient plus longs que la Grande Muraille de Chine -21 200 km

Entre le XIIIe et le XVIe siècle. XVe siècle, conquête d'Idah, Owo et Akure

Le royaume s'étend. Les territoires à moins de 150 kilomètres d'Edo sont administrés directement. Les sociétés aux alentours sont gouvernées par leurs propres dirigeants et versent un tribut à l'Oba. A Bénin, présence d'esclaves

Le commerce est florissant. A Bénin, s'échangent des produits en provenance de l'Est -ethnies Igbo- ou de l'Ouest -ethnies Yoruba

1472. Les Portugais entrent les premiers en relation avec le puissant royaume

Bénin est la prononciation portugaise du mot itsekiri Ubinu -capitale, siège de la royauté. Côte du Bénin, Golfe du Bénin

Le nom Ubinu vient du mot yoruba Oba -gouverneur-, personnage sacré



XVIe siècle. Apogée. Quatre millions d'habitants. Le Bénin envoie des ambassades à Lisbonne

Voyage à Lisbonne d'un envoyé de l'Oba, qui en revient porteur de « riches présents ». Une factorerie est installée au port de Gato

L'Oba accepte des missionnaires catholiques, des « conseils saints et catholiques ». Des églises sont construites, des dignitaires, des membres de la famille royale, se convertissent au catholicisme. La langue portugaise est celle des transactions commerciales et en partie, pratiquée à la Cour

Une représentation portugaise permanente est établie à Bénin

Les Portugais souhaitent s'assurer un lucratif monopole commercial -la traite des esclaves. Un Oba conquérant leur en fournira en abondance. L'Oba voit l'importance des armes nouvelles qu'apportent les Portugais, avec la force spirituelle des missionnaires

La traite des esclaves se poursuit jusqu'au milieu du XIXe siècle, clandestine dans les dernières années. Elle commence au Bénin -pas encore à destination des Amériques

1472-1850. Quatre siècles. 15 à 20 millions d'Africains, séquestrés et déportés dans les Amériques et la Caraïbe

La traite négrière atlantique débute au XVe siècle lorsque les Portugais commencent à acheter des hommes sur les côtes d'Afrique, qu'ils explorent alors. La découverte du Nouveau Monde et sa colonisation par les puissances maritimes européennes accélèrent vertigineusement le processus



Dès la fin du XVe siècle les Portugais troquent contre du cuivre, des esclaves, qu'ils vont échanger contre de l'or sur la côte de l'actuel Ghana. Dans cette région, la traite connaît son plus fort développement. La région entre Volta et Niger fournit la moitié des esclaves africains transportés. Côte du Bénin, Côte des Esclaves.

Régions côtières des actuels Bénin et Togo, ainsi qu'une portion du Nigeria riverain -ports négriers parmi les plus actifs



Le royaume du Bénin exporte du poivre, de l'ivoire, des perles de verre. Il importe des chevaux, du lin, du métal, de l'alcool

Le royaume du Bénin utilise un double système de monnaies,

des cauris (coquillages principalement originaires des Maldives. Océan Indien, Sud-Ouest de l'Inde). Ces coquillages infiltrent les pratiques culturelles, esthétiques africaines.

des manilles (du métal en forme de bracelet). Accroissement des importations de métal



Rivalité commerciale. Hollandais, Anglais (1553), Français commercent au Bénin

Les Français. Milieu XVIIe au milieu XIXe siècle, 4 000 expéditions négrières. La traite assure la fortune de Nantes (la moitié des expéditions), La Rochelle, Bordeaux. 500 000 hommes, femmes et enfants sont arrachés de chez eux, réduits en esclavage et emmenés dans les colonies françaises

XVIIe siècle. Les Portugais sont évincés de la majeure partie des côtes Ouest-africaines



Fin du XVIIe siècle. Oyo et Allada dominent la traite des esclaves dans la région, s'enrichissent et imposent leur autorité à leurs voisins. Bénin, guerre civile, crise économique. L'aristocratie limite les pouvoirs de l'Oba. Dans les années 1720, le calme revient. Le pouvoir de l'Oba -toujours sacré- est partagé avec les hauts dignitaires du royaume

Fin du XVIIIe siècle. Relatif retour de la prospérité économique -commerce de l'huile de palme. Les Britanniques s'intéressent à ce territoire. Compétition avec les autres Européens



A partir du milieu du XIXe siècle. Les relations commerciales sont en crise. La traite des esclaves est hors la loi (1807). Les Européens s'engagent dans les conquêtes coloniales -sous le prétexte d'abolir la traite des esclaves et les sacrifices humains

L'Oba décide de fermer ses États aux entreprises étrangères. Les incidents se multiplient



1897. les Britanniques envahissent le royaume du Bénin. L'Oba Ovonramwen Nogbaisi -Overami- 1857-1914 est destitué. Forcé à l'exil vers Calabar, lointaine ville du Nigeria

Commandement de l'amiral Sir Harry Rawson 1843-1910. L'expédition au Bénin est une expédition punitive par la force britannique. En réponse au massacre du détachement du jeune consul adjoint, le lieutenant James Robert Phillips 1863-1897 -33 ans. Tué, ainsi que sept de ses hommes en janvier 1897



Edo est fortifiée. Un côté de la ville est protégé par un mur de trois mètres de haut, recouvert d'une toiture végétale, précédé par une fosse. Le reste la ville est bordé par une tranchée ; en défense à l'intérieur, une végétation épineuse

Bénin / Edo émerveille : l'art plastique, la profusion de beauté, dans la ville, les palais. Bronze, ivoire

La résidence de l'Oba est un quartier à part entière, entouré d'un mur, tel celui qui entoure la ville. Des maisons et galeries, souvent bordées de piliers couverts de bas-reliefs en cuivre



Art Edo, art de Cour. Objets en alliage de cuivre, ainsi que des bronzes, entre les XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Fécondés par l'influence yoruba -raffinement et naturalisme

Les défenses d'ivoire sculptées sont présentées lors des cérémonies. Les motifs symbolisent les mythes et légendes Edo, représentent le pouvoir de l'Oba. Des guerriers, calebasses, têtes d'animaux, noix, poissons, crocodiles. Souvent l'Oba lui-même, à la pointe de la défense. L'ivoire, sa blancheur, évoquent la force, la longévité de l'éléphant. La pureté, la paix et la prospérité, attributs associés à l'Oba



Les troupes conquièrent, brûlent et pillent la ville de Bénin

Bénin City est mise à sac par les Britanniques. Les restes de centaines de sacrifices humains sont découverts. Les Britanniques revendent les œuvres d'art pillées -plaques de laiton- pour financer leur expédition militaire. Œuvres dispersées, perdues, vendues

Fin du Royaume Ouest africain du Bénin



La dynastie des Oba du Bénin existe toujours, respectée, son influence demeure puissante sur la population



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1517-1550. Pour honorer la mémoire de sa mère IdIa, l'Oba Esigie 1504-1550 fait exécuter une série d'œuvres raffinées. En ivoire ou en laiton, les sculptures la représentent

XVIe siècle. L'Iyoba Idia, Reine Mère et conseillère de l'Oba Esigie (1504-1550), l'un des éminents souverains du Bénin. Idia, la première femme à porter le titre officiel de Reine Mère ou Iyoba. Une guerrière, elle joue un rôle important dans l'ascension et le règne de son fils



Idia est née dans le village d'Ugieghudu. Elle est l'épouse d'Ozolua l'Oba du Bénin entre 1480 et 1504 et la mère biologique d'Esigie, qui lui succède et règne de 1504 à 1547

Elle combat sans relâche, avant et pendant le règne de son fils Esigie. Lorsque l'Oba Ozolua meurt, il laisse deux fils, avec un différend sur la personne de son successeur

Esigie contrôle Edo (Benin City). Son demi-frère -autre mère biologique- Arhuaran fonde la ville d'Udo, à 30 kilomètres au Nord-Ouest de Benin City -même taille et rayonnement



Idia mobilise une armée autour d'Esigie. Pour se concilier les dieux, elle sacrifie un ibis. Esigie rassemble l'armée à Unuame, sur la rivière Osse. Il lance une attaque. Il détruit la puissance de son demi-frère Arhuanran et d'Udo

Esigie devient le seizième Oba du Bénin

Par la suite, les peuples Igala envoient des guerriers. Ils traversent la rivière Bénoué, pour tenter de conquérir les territoires du Nord du Bénin. Esigie combat, repousse les attaquants, rétablit l'unité du royaume. Sa mère Idia reçoit la majeure partie du crédit pour ces victoires : son expérience politique, ses conseils avisés, ses pouvoirs magiques, ses connaissances médicales, sont déterminants pour la victoire d'Esigie sur le champ de bataille

Idia devient la première Iyoba (Reine Mère) du Bénin, titre créé et conféré par son fils l'Oba Esigie, en gratitude pour son aide. L'Oba doit faire exécuter sa mère ; Esigie abolit cette coutume ancestrale. Un palais est construit dans le bas Uselu, pour l'Iyoba Idia -L'Eguae-Iyoba, le Palais de la Reine Mère



Cinq masques en ivoire. Le visage aux traits accusés est encadré par une collerette et une coiffe. Les motifs ajourés sont des attributs de pouvoir. Le groupe est créé pour agir ensemble localement

Les masques sont produits par le même atelier, voire la même main. Ils se distinguent par des variations dans le choix des motifs décoratifs appliqués, en série ou en alternance, sur le col et dans la coiffure,



des têtes de Portugais. Les marchands portugais contribuent à la richesse du royaume



des poissons dits « sauteurs de vase » MudFish. Ce poisson a la capacité de subsister dans deux environnements différents -l'eau et la terre-, il évoque l'identité semi-divine des souverains du Bénin

Périophthalme, poisson amphibie marcheur et sauteur. Periophthalmus barbarus -Sauteur de vase atlantique- espèce de poisson-grenouille de la famille Gobiidae

Il vit en eau de mer ou saumâtre, parfois en eau douce, à proximité de la côte. Espèce originaire des côtes africaines de l'océan Atlantique, du Sénégal à l'Angola, ainsi que sur les îles du Golfe de Guinée ; aussi présent dans l'océan Pacifique occidental, à proximité de Guam -Micronésie

Ce poisson -25 cm de long- se rencontre dans la zone intertidale de la mangrove -espace côtier compris entre les limites extrêmes atteintes par la marée. A l'aide de ses nageoires pectorales, Il rampe aisément sur la vase. Il sort de l'eau pour trouver de la nourriture. Il absorbe l'oxygène par la peau, à condition de rester humide, et vit provisoirement hors de l'eau pendant des heures. Il se nourrit principalement d'arthropodes -crabes, insectes, vers de vase- capturés en surface de la boue et des graines du palétuvier blanc de mangrove. Grégaire, plutôt végétarien



ou de simples treillis géométriques, qui représentent des rangées de perles en corail -un seul masque est orné de perles de corail



Les deux guildes appartiennent au sommet de la hiérarchie des artisans de la cour,

les igun eronmwon (les « fondeurs »), qui emploient la fonte à cire perdue,

et les igbesanwan (« sculpteurs », notamment en ivoire)

Les cinq masques sont conservés ensemble dans le palais. Les masques sont conservés ensemble dans la chambre à coucher du prédécesseur de l'Oba Akenzua II 1899-1978

-son grand-père, l'Oba Idugbowa Ovonramwen Ogbaisi 1857-1914

Ils sont portés par l'Oba, sur sa ceinture, lors des cérémonies importantes. Apotropaïques -ils conjurent le mauvais sort. L'Oba reçoit des offrandes et des sacrifices, y compris humains



19 février 1897. Les troupes britanniques entrent dans la ville de Bénin. Pillage. Cinq mille objets dérobés par les forces navales



A partir des années 1950. Étude des masques. Identification avec la Reine Mère Iyoba Idia



Un masque est toujours dans une collection privée anglaise. Famille du lt.-Colonel Sir Henry L. Galway 1859-1949. (38 ans) Capitaine, il appartint au commandement des troupes qui pillèrent Bénin, en 1897

Chefs d'œuvre, quatre masques sont présentés dans les musées, à

Londres -British Museum

New York -MET

Seattle -Seattle Art Museum

Stuttgart -Linden-Museum



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