C'est trop banal... d'être sentimentale

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L'amour est un poison long et silencieux. Il fait bouillir le sang au creux des veines, quelques semaines ou jours, et puis… se révèle doucement toxique. Ça brûle, là, juste sous la peau, là ou grouillait la passion désormais évaporée. Oui, je ne connais que trop bien ces amours-là. Ceux qui sont perdus d'avance, dès le premier jour, ceux pour lesquels on se bat en sachant tout bas comment cela finira, ceux qui ne sont pas réciproques, les amours mortes. Peut-être que la vie, c'est ça : une succession d'aventures. De goûts. De mains. De corps.

Peut-être que les contes de fées sont religion, là pour rassurer, pour croire en quelque chose, si possible beau et magique, avec une longue vie et des tas d'enfants à la clef.

Ma passion a moi ne s'éteint jamais. Elle dévore l'autre. Et c'est là que le souci est. Je ne connais pas les nuances de la vie, je suis excessive, et depuis tant d'années, ma folle passion quand j'aime n'a jamais plu à quiconque : trop étouffante, trop violente, trop vivante. Alors j'écris ce texte, par haine ou par amour, je n'en sais trop rien. J'écris car je n'en peux plus. Et parce qu'au fond, je continuerai... d'y croire. Sotte !

 

Peut-être est-ce la raison pour laquelle je voudrais ne plus aimer. Pour, peut-être, ne plus être en danger, là, sur mon petit siège éjectable à attendre le moment où je m'envolerai dans les airs, à cause d'une routine, d'une monotonie, d'une autre.

Parce que je sais que rien n'est acquis, et que de toute manière, tout finira par redevenir poussière… C'est vrai, non ? A quoi bon se faire du mal ? A quoi bon souffrir de tout son être, encore, et encore, pour des cendres, des miettes ?

J'ai besoin de magma et de lave ardente, j'ai besoin d'un tourbillon de tendresses, d'un ascenseur émotionnel, j'ai besoin de vents, de marées, de tumultes rouge-sang, j'ai besoin de sentir la vie battre, l'amour racler ma peau, le désir me hanter, la passion me détruire. Extrême vous dira-t-on de moi. Et alors ?

 

L'amour est invention de poètes. C'est tellement joli sur le papier, les cœurs qui s'assemblent parfaitement, en attendant que la terrible mort ne les sépare. Les hommes restent des animaux, au fin fond, là, où personne ne creuse. Quant au mariage, ce n'est qu'une folie recommandée par les mœurs à laquelle je ne cèderai jamais. Non, je ne veux pas me marier. Parce que l'amour éternel, c'est à mes yeux comme le Père Noël ou la Petite Souris. Une illusion en laquelle tout le monde veut croire. Une utopie commune. Je ne pensais pas dire un jour que l'amour m'a trop souvent déçue. Peut-être parce que j'étais la seule à y croire.

 

Se marier, l'amour… le « grand » amour !

Le même sempiternel refrain.

 

Au début, aimer à la folie, faire l'amour tout le temps, et se faire des cadeaux plus ou moins grands. Et puis, le temps s'écoule, on s'installe ensemble, c'est là que ça commence à se gâter. Les concessions qui pèsent, chacun son tour, chacun les siennes. Les premières disputes, les premières d'une longue liste. L'amour prospère, oui, mais il devient souvent une pure et simple habitude. Combien de couples sont ainsi, de simples congénères sous le même toit qui ne savent plus même pourquoi ? Qui vivent par habitude, sans plus l'once d'une passion, d'une étincelle même mouillée. Ce bref moment où, et on ne s'en rend pas même compte, on n'aime plus. Comme une minuscule fracture, petite et presque insignifiante. La vie devient de plus en plus triste, morne, et grise. Les sentiments terminent de se dissiper. L'ennui à deux, la télévision allumée, que l'on regarde plus que son conjoint. Le romantisme abattu d'une balle en pleine tête, fusillé là, parmi tant d'autres. Alors oui, on fait l'amour, parfois, de façon fade et mécanique. Le pire est peut être de ne pas même s'en rendre compte. La vie continue, les artères ne nourrissent plus le cœur. On rentre le soir en se faisant un bisou sec, comme le font les vieux. Loin de longs baisers langoureux d'autrefois…. pour un peu qu'il y en ai eu.

 

La fameuse « moitié » à qui l'on a dit oui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Parfois certains rompent, d'autres vont voir ailleurs, mais que ce soit dans la santé ou dans la maladie, l'ennui règne. L'amour n'est plus qu'une illusion d'optique, qui brûle les yeux à défaut du cœur. Le besoin de séduire. Le danger. L'autre. Soudain, on dégringole, on s'affole, on crève la gueule ouverte. On a besoin du cœur qui palpite, on a besoin de ressentir, de plaire. Notre autre ne nous apportant plus rien, on erre dans les rues, tel un animal abandonné qui cherche à exister dans un regard quelconque.

 

Quand je vais à un mariage, je me demande s'il va durer. Je le souhaite, sincèrement, et cela force mon admiration car je n'en serais pas capable. Peut-être parce que nous suivons tous des chemins différents. Et que dans mon cas, je n'ai pas l'habitude des happy-ending amoureuses. Que je connais le refrain, que je connais la chanson. Nous autres ne sommes que des créatures qui s'entremêlent. Qui se mélangent et se prêtent. Qui s'échangent et s'achèvent.

 

Bref, quand j'y pense, je me dis que les seuls qui n'ont jamais cessé de s'aimer resteront Roméo et Juliette.


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