Cet après-midi là

mapie-pai

Roger, entouré, vit à l'intérieur des sensations et des questionnements.

Cet après-midi là


Solstice d'été, cette après-midi là. Un soleil éblouissant. Les espaces d'ombres envahis par des gens. Des yeux plissés et des bras moites dans ce paysage aux herbes secs.


Cet après-midi là, Roger s'est assemblé comme un pièce mise à côté, de sa femme, son fils, ses belles-sœurs et ses beaux-frères…

un pique-nique bien orchestré, où tables pliantes et lits parapluies viennent meubler une nature en proie.


Roger n'était pas aussi grand qu'il ne voudrait, juste, moyen. Il dépassait les femmes et rarement les autres hommes. Juste, visible.


Cet-après-midi là, autour de lui se jouait des scénettes répétées depuis des siècles.

Un enfant qui pleure, des banalités échangées, des voix qui se coupent, des regards envieux. Une masse de particules qui interagissent.


Autour de lui, Roger, de ses cheveux frisés, courts mais pas trop, juste, moyen.

Un visage saillant, dominé par un front large, cachant vagues de mots cumulés, réajustés et prisonniers.


Cet après-midi là, l'heure du repas. Roger mime aussi les gestes autour de lui. Des gorgées de bière adossé à une chaise, associé à des coups de voix d'écho envahissants.

Les femmes s'activent, assiettes et enfants dans une telle ronde aux bruits assourdissants, aux envies alcoolisantes.

Roger, juste, moyen, regarde mots en tête, adossé, bouche occupée, gorge serrée.


Debout, Roger aux épaules tombantes, une allure fondante aux proportions normées. Son passage laisse trace à ses pieds qui foulent le sol, à l'air qu'il embaume, aux particules qu'il use.


Cet après-midi là, il pose de son regard brun, si fin, ses mots dans sa vie de paysages. Comme des pointillés à l'infini, côtes à côtes, mis bout à bout, formant ensemble les images devant ses yeux.


Roger, seul et entouré en ce solstice d'été. Particules de toutes tailles, entremêlées aux airs des jeux d'enfant, au vent chaud, au ciel désencombré, aux bières décapsulées.


Cet après-midi là, Roger, juste, moyen, sauf à l'intérieur, et dans ses rêves, les voix enchaînées attendent leur éveil.


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