C'était avant

aile68

C'était avant, quand j'écrivais des poèmes amoureux, des cartes de voeux faites de mes mains qui s'essayaient à un art malhabile, incertain, encore neuf. Ma poésie sentait le pain d'épice et la neige dans le jardin d'en face, je la retenais de mon petit coeur ouvert sur un matin blanc et une nouvelle année pleine d'espérance. Une musique au quotidien m'accompagnait dans l'écriture de mes petites productions littéraires, fières ou modestes mais toujours dansantes, j'aime le rythme, le tempo et l'art mélodique d'une radio branchée sur la jeunesse et la liberté d'un avent encore insouciant. A quinze ans j'étais encore une enfant gentiment souriante, point de malice dans mes faits et gestes, juste un peu de flegme à la british, un flegme anglais qui coulait lentement dans mes veines pour mieux goûter la vie qui s'ouvrait à moi. L'adolescence m'offrait néanmoins de vertes vibrations pleines d'une sève nouvelle, envie de découvrir le monde, j'étais déjà ouverte sur lui durant une enfance heureuse et pleine de trouvailles inventives. Glycine ou feuilles de vigne le long des murs des maisons, belle tonnelle sous une neige immaculée, pure comme le regard des chevaux à l'abri dans leur logis, histoire d'un baiser caché, donné un jour de pluie, peut-être une chance pour la vie. Mais à quinze ans les amours ne sont que des délices qui fondent comme des pastilles de menthe, les exceptions ne sont pas légions, mais elles existent, elles existent.

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