Chapitre 2: Nouvelle vie.

sarahlambert2030

Nous étions dans la voiture depuis un long moment déjà mais je ne cessais de repenser à la raison de mon départ. Après mon séjour à l'hôpital, je suis allée au commisariat, pour passer au détecteur de mensonges, comme on me l'avait demandé. Je l'avais dit et répété, je n'étais pas une meurtrière et la machine m'a innocenté. L'affaire étant bouclée, je pouvais rentrer chez moi. Mais j'avais changé de chambre et n'osait plus trop retourner dans celle que j'avais occupée depuis toute petite, la tristesse m'accablait. J'avais toujours peur de cette voix maléfique que j'avais entendue parler avec ma défunte sœur, et même si les gens avaient compris que je n'avais rien fait, ils persistaient à me regarder de travers. Au lycée ce n'était pas mieux, j'étais envoyée au fond de la classe et on m'ignorait. Un peu plus qu'avant, et désormais, je me sentais plus seule que jamais. Ils s'éloignaient tous en me voyant. Certains même priaient quand je passais devant eux. En effet, je n'avais pas nié avoir fait de la magie. Du coup, tout le monde avait peur de moi. À tel point que cela en était devenu invivable, j'avais arrêté d'aller en cours et j'avais demandé à mes parents de partir de là. Ils avaient acceptés. Eux aussi en avait marre de tout ça. Quand ils étaient au travail, leurs collègues ne leur parlait plus, et selon les rumeurs, mes parents étaient sur le point de perdre leur emploi. Se retrouver sans emploi à cause de cette histoire de magie. J'étais tellement désolée. Ils le savaient bien sûr mais ils m'avaient assuré que c'était mieux comme ça. Ils avaient donc choisis de chercher du travail ailleurs, là où nous allions vivre chez mes grands-parents, Georges et Annabella Darkest. Ils nous accueillaient avec joie mais je n'étais pas tellement emballée de les revoir, ils allaient sûrement me regarder avec dégoût, comme tous les autres. Pas qu'ils ne m'ont jamais aimée, mais j'ai toujours cru sentir un préférence pour Amanda. Encore. À croire que je ne valais pas grand-chose. J'espère que tout s'améliorera avec le temps. Le temps... si seulement je pouvais le remonter pour nous emprêcher d'être trop curieuses avec ce fichu grimoire. Elle serait encore là aujourd'hui, et on ne serait pas obligés de partir , la vie aurait continuée, Amanda serait toujours autant admirée et moi je serais toujours son ombre silencieuse. La vie était nettement mieux comme ça. Elle me manque tellement, une partie de moi a disparu et jamais elle ne reviendra.

On venait de quitter toute une vie dans la petite ville de Staunton, en Virginie pour désormais aller à Boston. Soit plus de neuf cent soixante kilomètres. On aurait pu prendre l'avion, mais nous préférions voir un peu le paysage et puis maman a une sainte horreur du vide, moi aussi par la même occasion. J'étais asise derrière à rêvasser, les écouteurs dans les oreilles. Je finis par m'endormir à la moitié du trajet. Quand j'ouvrais de nouveau les yeux, maman conduisait et papa dormait. Ils s'étaient relayés.

- Maman, il est quel heure ? lui demandais-je d'une voix pâteuse.

- Il est vingt trois heures vingt cinq. Tu as faim ? Regarde à côté de toi, on a acheté des sandwichs et du jus de fruit. Il y a aussi de l'eau si tu veux.

- Merci maman.

Je piochais au hasard dans le sac et choisis de quoi manger et boire. Tandis que je mangeais, je me demandais si j'allais réussir à surmonter mon deuil et à aller de l'avant.

- Chérie ? Tu n'as pas dit un mot depuis ce matin. Ça va ? me demanda maman.

- Oui... enfin.... tu crois que ça va aller maintenant ? Je veux dire...

- Oui tu verras, c'est une grande ville mais tes grands-parents vivent dans une ferme, tu te souviens ?

- Oui, je me souviens, lui répondais-je. Je pensais qu'ils avaient déménagés.

- Non, ils se sentent trop bien où ils sont, c'est un grand terrain, et ils ont toujours autant d'animaux, disait maman avec un sourire.

- Ils ont pas changé !

- Oh que non, ça va nous faire du bien, de vivre là-bas. Tu verras quand on y sera.

Je restais silencieuse en priant pour que maman puisse dire vrai. Au moins, si je ne m'entendais pas bien avec mes grands-parents, j'aurais toujours les animaux pour me consoler. J'ai toujours été une amoureuse des bêtes, ils sont loyaux et ils nous aiment, sans distinction. Je voulais avoir un chien mais mon père me disait tout le temps que je n'étais pas prête pour autant de responsabilités. Je soupirais. À quel point la vie allait-elle être différente ?

Une fois mon sandwich terminé, je me rendormais aussitôt. La voiture m'a toujours fait dormir ! Et c'est vrai que je manquais de sommeil depuis le départ d'Amanda...

Je rêvais toujours de la nuit où j'étais allée au grenier et que j'avais entendu ces quelques mots qui ont provoqué l'effroi dans mon esprit. Mais dans je me voyais entrer dans la pièce et voyais alors ma sœur à genoux, son bras gauche tendu, paume de la main vers le ciel, et dans son autre main, le même poignard que celui que j'avais vu avec les policiers et mes parents avant que je ne m'évanouisse. Elle s'ouvrait ensuite le bras et faisait couler son sang dans la petite coupelle posée devant elle. Puis elle regardait droit devant elle, fixant quelque chose que je ne pouvais voir. Elle sourait. Un sourire... à glacer le sang. Enfin, elle me regardait froidement, en saisissant la coupelle et bu le contenu avant de regarder le même point fixe qu'avant, prononcant des mots incompréhensibles pour moi. Une épaisse fumée noire apparu alors là où elle était, l'englobant complètement. Je ne pouvais plus la dinstinguer, puis la fumée bougea, avant de s'arrêter dans un coin de la pièce, en prenant forme humaine. Mon regard fut alors terrifié devant le spectacle que j'avais devant les yeux. C'était tout impossible. Un monstre se tenait là, droit et grand, un rictus profondément mauvais gravé sur son visage d'une pâleur cadavérique, les yeux rouge sang, des cornes de chaque côté de sa tête. Il finissait alors par me regarder et d'approchait de moi silencieusement, se saisit de ma gorge et serrait, jusqu'à ce que mon regard se perde et que mon esprit sombre dans les ténèbres.

- Sophia ! On y est !

J'ouvris les yeux, encore choquée de ce cauchemar qui me semblait si réel. Je portais une main à ma gorge, là où le monstre l'avait posée. J'étais effrayée par ce que je voyais toutes les nuits. Toutes sans exception, et le voyage en voiture ne m'aura pas fait autant de bien que je l'aurais souhaité. "Tant pis", me dis-je alors que je sortais de la voiture, heureuse de pouvoir enfin marcher. L'air frais me réveilla doucement, nous étions arrivés chez Georges et Annabella Darkest, mes grands-parents paternels. Ma mère a perdu ses parents très jeune dans un accident de voiture, je n'ai malheureusement pu les rencontrer. Mais elle n'en parle pas beaucoup et dévie toujours la conversation. "Elle ne s'en est jamais remise" me disait toujours papa, comprenant que je voulais en savoir plus sur eux. Mais il n'était pas plus renseigné que moi.

- Sophia, va frapper à la porte pour leur annoncer notre arrivée, me demandait papa qui s'occupait des bagages. Chérie ? Viens me donner un coup de main, s'il te plait.

- J'arrive ! s'exclama-t-elle.

Je me dirigeais alors vers la porte, anxieuse, la boule au ventre. Mais je n'eus pas le temps de toquer que mon grand-père ouvrit la porte en souriant avant de me serrer dans ses bras.

- Trésor, comment tu vas ? me demanda-t-il, en me scrutant.

- Je vais bien, merci. Mais le voyage a été long, je n'en peux plus.

- Où sont tes parents ?

- Ils sont à la voiture, ils s'occupent des bagages.

- Bien je vais les aider. Va à l'intérieur, ta grand-mère est debout et à fait des pancakes, elle sait que tu adores ça, répondit-il avec un clin d'oeil.

- Elle ne s'est pas trompée, disais-je en me rendant compte que je mourais de faim.

Grand-père partit donc rejoindre mes parents tandis que j'entrais toujours avec mon appréhension dans la maison.

- Grand-mère ?

- Dans la cuisine !

J'allais la rejoindre mais elle se surprit en me serrant dans ses bras.

- Ma chérie, je suis heureuse de te voir.

- Moi aussi grand-mère.

Elle relâcha son étreinte et me sourit.

- Tu as faim ? Parce que j'ai fait des pancakes !

- Oui je meurs de faim ! lui disais-je en souriant.

- Fais comme chez toi, assis-toi.

Je m'exécutais alors. Finalement, ça irait sans doute mieux ici.


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