Bloody Reaper - Chapitre 5 - Une envie d’évasion

kaminomonogatari

https://www.facebook.com/MangaBloodyReaper/ Pour plus d'infos sur les sorties des chapitres :)


Maintenant trois jours s'était écoulés depuis le châtiment du jeune mercenaire Drek, qui finalement et contre toutes les attentes, c'est métamorphosé en vrai duel. Bien que perdant et blessé très sévèrement, celui s'en est retrouvé honoré de tout l'équipage non pas de par son entêtement et son orgueil expansif,  mais par son ingéniosité et sa résilience face à une mort quasi certaine. Pire, il était parfois crains, assimilé à la force monstrueuse de la Veuve. Exclu ainsi de nouveau d'un groupe, il n'eût d'autres choix que de s'en tenir à ses engagements avec Yuna, seule présence amicale outre celle du docteur Bird, et du Boss au titre encore méconnu.

La température à encore baissé, tandis que le paysage ne varie que très légèrement. Seul différences ; les présences de multiples ruines, souvent relier aux sillons que formais jadis la grande route qu'empruntais désormais toute l'expédition. L'équipage est soumis à rude épreuve, mais tiens bon. Ce sera le cas, espéreront le aussi pour cette journée débutant à peine.

Routine matinale : Les tentes se replies, le feu devenu braise est délaissé, les branches mortes des environs récoltés en vitesse, le cuir des parois coupe vent décroché… Presque tout le monde est au aguets pour cette séquence très importante du planning journalier, pourtant, malgré tout, une femme déambulait à travers l'agitation, direction la seule tente encore debout.

Elle était pensive, en ce jour banal, car un malaise pesait, elle ressassant tous les problèmes qu'elle rencontrait, les uns après les autres, pour trouver la gêne. Evidement, le fait qu'il n'y a pas d'autre femme était un très sérieux problème, mais elle compte bien y faire face, malgré la difficulté immense. Bien que le paysage soit désastreux, et le temps horriblement mauvais, elle ne s'en souciait que très peu. L'alimentation à base de viande séchée, de céréales sèches et tous ces produits à longue consommation est aussi une vraie plaie, pourtant ce n'était pas la première fois qu'elle s'adonnait à ce genre d'expédition, ce ne serait pas la cause du trouble dans son esprit… Le problème, s'était bien lui. Lui, et son genre. La Veuve déteste les hommes, et c'était toujours le cas, mais lui… Est-il vraiment différent ? C'est ce qu'elle se demandait, alors qu'elle approchait du but, et venait de l'atteindre.

Car oui, le jeune homme semblais avoir manqué à l'appel, et bien que la fainéantise avait sa part dans les raisons de son sommeil prolongé, son rétablissement en faisait une raison valable pour qu'il puisse grappiller les quelques minutes avant le lever de camps final.

Son bras dépassant des toiles, il roupillait complètement insensible au tumulte général. Arrivant devant ce spectacle, elle ne pu s'empêcher de le piétiner méticuleusement. Peut à peut, la pression sous le pied monta, il se débâta alors jusqu'à l'effondrement de tout l'édifice.

-Mais QUI ME MARCHE SUR LE BRAS, ENCORE ?!                                      

 Elle se sentait amusé, mais reprit un air plus sérieux dès l'instant où il découvrait sa tête.

-Tu me rembourseras la tente si tu l'abime.

Subitement, il se releva dans le plus grand des calmes, initiant le pliage du tissu.

-Oui, bien le bonjour. Comment c'est passé cette matinée ? Aurais-tu pensé à moi ?

-Toute la nuit, je n'ai pas pu m'en empêcher.

-Ravis de l'entendre. Que me vaut cette visite ?

Elle s'approcha alors d'un pas du jeune homme s'appliquant à enrouler soigneusement le tissu noire qu'il l'avait protégé du froid toute la nuit, leva sa main vers son torse vêtu d'une simple chemise, et en toucha les côtes à multiples reprise. Au début délicatement, le geste devient plus brutal, mais Drek en resta hermétique, d'une moitié entièrement concentré à son activité, l'autre moitié encore profondément en sommeil.

-Tu guéri vite, c'est bien.

-On s'inquiète pour moi ?

-Stupéfaite. Soit nous avons un maître magicien spécialisé dans la refonte des os, soit tu es vraiment robuste.

A la levée des dernières peaux, le vent se leva subitement. Il ne manqua pas, à la toute première brise, d'éternuer bruyamment.

-En plus des douleurs à répétition, j'ai encore mal quand mon diaphragme est trop détendu. J'ai le dos en compote, le froid dans le nez, motivé à rien faire… Mais dans l'ensemble, ça va.

-C'est l'essentiel. Mais, j'y pense… J'ai justement une activité qui pourrait raviver cette vivacité…

Elle semblait avoir quelque chose de fourbe derrière la tête, mais c'est alors que le signal de départ retentis, l'empêchant aux yeux de tous d'exposer son idée farfelu. Elle se contenta alors d'un regard discret avant de regagner ses appartements, quand à lui, il termina d'empaqueter ce qui trainait encore, et l'accrocha comme à son habitude au reste des affaires, au plafond de la demeure de la jeune femme.

S'était de nouveau parti pour cette routine, Drek venait tout juste de reprendre son poste en bas, à marcher dans le sable de ce désert sans vie. Mal en point, mais pas vraiment, tel était devenu le Drek dont Yuna fit la connaissance ; Cette étincelle d'intérêt, cette lumière d'espérance accaparait toutes ses pensées. Il avait beau faire preuve de galanterie envers elle, passant aux yeux de tout pour un vulgaire larbin, cela ne la trompait nullement, loin de là. Il était juste sage, et avait compris qu'il n'y avait à faire d'autre, si ce n'est qu'apprendre. Oui, bien qu'en cachette, il la fixait constamment, non pas dans ‘'l'espoir'' de capter quelque chose de vague, et certes il en profitait pour la reluquer, mais pour comprendre. Voilà pourquoi il était si différent ; pas même évanouie, jamais il n'eût l'intention de capituler. C'est ce caractère qui forge les grands de ce monde, que soit en bien… ou en mal.

Cependant,  la jeune femme ressentait pour le moment un certain ennui, et s'appliqua alors à reprendre l'échange avec le jeune homme. Elle se retourna vers lui qui faisait déjà mine de ne pas la voir, et lui fit signe d'approcher dans le plus grand des silences. Sans acquiescer, il prit un léger élan, s'appuya sur la paroi de la caravane pour arriver à saisir l'un des codages maintenant les précieux paquetages. Ainsi, il resta dans cette position, sans monter ni descendre des planches extérieures.

-Quoi, encore ?

-Que penses-tu des règles, mon cher Drek ?

-Quel genre de règle ? Tu parle comme un hors-la-loi.

-Le genre qui entrave la liberté, sans pour autant ôter celle des autres.

-… Pour être franc, ce n'est pas le genre de chose que j'applique, en général.

Yuna esquissant un regard narquois, réduisit alors la distance les séparant en décalant à deux reprises les hanches. L'étincelle de malice dans ses yeux ne perdit peu de temps avant de se répandre sur le garçon cramponné.

-On s'entend sur une chose, c'est déjà bien… J'ai une mission pour le rebelle que tu es… Une mission cruciale.

-Oh ? Tu as toute mon attention.

-Pas maintenant, ce soir.

Scrutant la scène, effectivement les deux protagonistes sont trop voyants, le jeune s'appuya sur l'une des planches et sauta aisément pour retrouver sa place prédestiné.

Ainsi ils retrouvèrent leur position, l'une virevoltant à l'ennui, l'autre vadrouillant le regard vers une quelconque direction, en attendant la dite soirée. La réunion du duo à lieu de nouveau bien vite, loin des agitations habituelles et des oreilles indiscrètes, bien que la journée soit d'un calme crevant pour les deux amateurs de sensations forte.

Il s'approcha ainsi d'elle qui se jouait d'une vieille et courte hache, jonglant parfois d'une main à l'autre, et renoua le dialogue.

-Et donc…

-Tu veux savoir, n'est ce pas ? Même en réfléchissant, tu ne dois pas avoir découvert l'intérêt de déserter en pleine nuit le seul point de chaleur à des lieux à la ronde, seul avec une femme…

-L'idée en soit de toute manière n'est pas mauvaise en soit, cependant je n'ai pas vraiment pensé à un objectif précis. Le simple fait de respirer un peu plus loin me serais suffisant, je suppose que ce n'est pourtant pas ton cas, alors quand à notre but…

Yuna souffla sans aucune gêne, exprimant sa déception.

-Si était quelqu'un de sain, tu le saurais parfaitement. Voilà pourquoi les hommes… J'ai préparé quelques cartes d'avant la catastrophe, et celle-ci m'indique une ancienne source chaude jusqu'alors utilisé.

-Tu veux prendre un bain ? Avec moi ?

-Par pitié, je te fais l'honneur de te dévoiler un évènement ou tu pourras  enfin de décrasser en partie, et tu ne pense qu'à… J'ai besoin d'hygiène, mon cher, et ce n'est pas entouré d'hommes que j'aurais une moindre intimité. Ni de l'eau chaude.

-Le fait de ma présence m'échappe…

Drek étant plutôt stupéfait de la proposition, il fini par voir les ficelles que lui tend la ‘'Veuve'' lorsqu'elle défila le regard à la recherche des bons mots, des bonnes excuses.

-Je veux en profiter pour ramener une quantité d'eau suffisante. Ça te va ? Et puis je ne t'y amènerais de toute façon qu'à une seule condition ; tu porte tout.

Sans en dire plus, elle lança froidement la hache sur le pauvre Drek qui l'attrapa au fil de la lame.

-Et ça, c'est pour ?...

-Imaginons que nous devions nous retrouver dans une quantité d'eau non négligeable pour retrouver l'air extérieur… Tu ne pense pas qu'il y aurait un problème ?

-Il faudrait alors se réchauffer mutuellement, c'est cela que tu veux insinuer ?

-Je veux dire pour que simple fait de voir, de se sécher, TU va devoir te servir par là bas. Et pas question de se servir dans les réserves pour une escapade présumée secrète.

Elle pointa du doigt un mirage de bosquet au loin, dont le bois mort serait parfait pour un feu rougeoyant. Pourtant, le regard je-m'en-cariste de l'apprenti bucheron ne semble pas démordre alors que la jeune femme cherche déjà à quitter les lieux. Il l'arrêta par épaule, quitte à y perdre un doigt.

-Tu oublie ma motivation, dans tout ça.

-J'aurais pu très bien ne pas de céder cette hache, et opter pour une branche… Réfléchi un peu en tant qu'homme ; Pourquoi voudrais-tu vraiment venir ? Avec moi possédant une peau douce soyeuse de 23 ans d'âges rivalisant parfaitement avec celle d'un nouveau-né, qui plus est?

Elle avait touché un point sensible, mais quelque chose clochait. Elle se jouait de lui, c'est sûr.

-C'est suspect.

-Certes, je n'ai jamais stipulé prendre le même bain que toi, ni en même temps, mais le simple fait de m'accompagner devrait suffire à tes fantasmes les plus fou pour espérer entrevoir quelque chose ?

Comme rarement, il dût déglutir. Sa cervelle se doutait de l'évident piège qui se dévoilait en face de lui, mais son instinct était plus fort, comme à son habitude.

-Dans le doute…

Dans ce traquenard, il y tombera dedans les deux pieds joint, mais avec la satisfaction de vivre sans regrets. L'aspirant mercenaire s'en alla fièrement vers son objectif décisif, au regard de la manipulatrice de charme avéré.

-Tu mettras tout dans le tonneau qui est là !

-Ouais, ouais…

Alors retentirent une cloche, signe distinctif d'un appel soudain et non moins important, lui étant destiné.

Au beau milieu des tentes prônait La tente : Un pentagone de toile en guise de salle réunion où toute son assemblée était à l'intérieur, les bras croisés, à l'attendre elle. Du nombre de huit, ils s'étaient arrangés en ronde sur des rondins en guide d'assise, la seule une chaise convenable et rembourré semblais mis à part, et personne ne semblais oser s'y asseoir. Elle entra donc dans le calme le plus froid, se frayant un chemin vers la fameuse chaise entre le feu de joie central et les différents mercenaires du groupe dit principal, tous ayant physiquement quelque chose de bien particulier.

Ce n'est qu'une fois bien avachie en tailleur que la discutions débute dans ambiance des plus tendu, bien que le sujet devant être abordé ne soit alors bien grave. Le ‘'Boss'' joua quelque peu de ses cordes vocales, attirant de là les regards d'autrui.

-…Bien, on va donc commencer… Hem…Etant notre première réunion, et sachant que nous ne vous avions pas donné plus de détails jusqu'ici, je vais me présenter officiellement. Mon nom est Don. Je suis un aspirant de l'Eglise, et son représentant en ces lieux. Pour la petite histoire, J'étais encore il y à peu dans l'armée régulière, lorsqu'un cadre de notre saint ordre est venu solliciter mon aide en me faisant part à cette expédition. Comprenez donc que si l'opération est un succès, j'aurais droit à ma place dans cet ordre de légende. Sachez donc que je ne tolérerai aucun écart de comportement durant le voyage, mon poste est en jeu… Evidement, les personnes ne prenant pas part au contrat sont libre de faire se que bon leur semble…

La dernière phase était bien hésitante, et probablement destinée à la personnalité en face donc personne ne cherche à croiser du regard. Quoi qu'il en soit, après ce court silence où tout le monde c'est contenté d'acquiescer sagement dans le plus grand des silences, seul le Docteur Bird, plus proche de la Veuve que du chef Don, leva la main comme le ferait n'importe quel étudiant en magie envers un professeur.

-Je ne voudrais pas m'interposer, mais je pense que tout le monde ce pose la même question ici. Pourquoi somme-nous ici, exactement ?

-Votre contrat stipule que vous ne devez poser aucune question à ce sujet, Doc. Je respecte cette curiosité, mais serais dans l'obligation de retenir votre paye si vous vous efforcez dans cette quête de réponse. Vous ne le saurez qu'au moment opportun.

-Cette ‘'clause'' aurait-il un lien avec la sécurité de la mission, où le simple que l'on sache quelque chose…

-Peut importe comment vous tournerez la question, je n'y répondrais pas !... Tant qu'on est dans cet interrogatoire, quelqu'un d'autre aurais une interrogation auquel je pourrais répondre ? Profitez en pour vous présentez aux autres.

Une autre main se leva, en référence au Docteur. L'homme maigre aux cheveux mi-longs blond courba un instant la tête devant le feu.

-Jowris, mais appelez-moi Jo. Pouvons-nous connaitre la destination ? Au moins dans les grandes lignes…

-Nous progressons et progresseront en direction du Grand Nord. Quelqu'un d'autre ?

Le suivant, plus petit que la moyenne se frappa le torse pour éclaircir sa voix.

-J'suis Cros, venu avec ‘'Immon à la hache'' qu'est dans le groupe secondaire. Qu'est c'qu'on fait si quelqu'chose vous arrive ? On s'ra pas quoi faire !

-Faites demi-tour. Et vous ne serez tout simplement pas payé. On a fini ?

Un dernier à la droite du boss se releva subitement, portant toute son attention sur lui.

-Est-ce vraiment justifiable d'être aussi nombreux ? Le danger et la prime qu'on m'a vendu dans cette horrible ville n'est en rien a la réalité ! C'est simple : En trois jours, il ne s'est rien produit, et on n'a absolument rien croisé, ni bandit, ni rien de vivant…

-Vous reviendrez bientôt sur vos paroles, Elauris, croyez-moi.

-J'ai entendu une rumeur… Oh, me présenter, c'est vrai… Je suis Art. Bref, donc. On parle d'où je viens d'une créature mystique native des terres elfiques, ayant pour régime alimentaire tout le bestiaire démoniaque possible et inimaginable ! Cette divine créature aurait des ailes dignes d'un ange tombé  du ciel, et pourfendrai le ciel plus vite que la lumière pour dévorer tout les monstres qui foulent le sol, impuissants !

-Je vous le dit en tant que chef informé ; ce ne sont que des ragots, mon cher Art ! Vous pensez vraiment qu'une telle chose puisse exister ? Des dragons, ça va encore, mais ça ?...

-Elle existe, cette chose.

La voix féminine avait eût l'effet d'une explosion sur le moral entier du groupe d'expédition. L'attention vin alors fixé sur la Veuve qui, après avoir vérifié d'un coup d'œil que chacun croyait en la véracité de ces propos, pris une mine triste en s'échauffant la voix.

-Ce n'est pas la première fois que je rends ici, croyez-moi. J'étais déjà venu pour une raison différente lors d'une expédition dont le but était… contraire. Nous étions moins nombreux et c'était il y a maintenant quatre mois. A peu près à cette distance d'Austrélia, nous avions élu un campement pour la nuit. Je vais vous épargner les détails,  mais sachez que le jour suivant, j'étais seule à rentrer au bercail. A l'aube, il n'y avait même pas de corps. La créature les avait boulotés sans en laisser un morceau. Oui, je parle du même monstre responsable de ce vide de mort et de vivant. S'il n'y a plus rien, c'est qu'il en est la cause. Par contre, je ne l'ai pas vu de mes yeux. On l'appelle… Le Croque-mort.

Certes grossière, le racontar provoqua quelques sueurs froides et un rictus de plaisir sur le visage de la conteuse. Ainsi, Don repris la parole d'un ton calme ;

-Peut-on reprendre la réunion ?

Le silence perdure, Don repris alors son discourt en lien avec la dernière question, ainsi que d'autres futilités. Il parla du rôle que chacun allait tenir, des points de ravitaillements possible en eau… Yuna regretta d'avoir exiger être présente dans absolument toutes les réunions.

-…Question itinéraire, il n'y a qu'à suivre la route, ligne droite. Pour ce qui est d'après-demain, nous feront une escale si tout se passe bien dans les dénommées ruines d'Alkirheim, l'ancienne  capitale marchande Nordique, pour le temps de la journée. Ce n'est pas une destination anodine, il faut dire qu'elle est en plein milieu de la route, mais possiblement impraticable par nos véhicules qui n'auront d'autre choix que faire le tour de la ville pour la traverser. Ce détour prendra une journée, le temps pour nous d'y faire quelques emplettes, bien qu'il n'y ait plus personne… Bref, du pillage sans victime. Voilà pour les généralités, je vais désormais passer au protocole en cas d'attaques. Si une goule  devait nous prendre de revers alors que nous sommes en mouvement […] Et pour finir, dans le cas d'un blizzard, je recommande fortement de vous attacher les un les autres avec les cordes attribuées à cet effet, et de stopper tous mouvements au risque de renverser le matériel… Merci d'avoir, pour certains, daigné m'écouter jusqu'à la fin ces consignes de la plus haute importance. Vous pouvez maintenant vaquer à vos occupations, je vous libère. 

La jeune femme se releva en sursaut devant tous, et fila tout droit vers la sortie : Le froid et l'obscurité ne lui avait jamais semblé si accueillant qu'en cet instant depuis belle lurette. Elle n'avait pas prévu la présence si franche du jeune homme ayant pris son aise tout juste à coté de la porte. Il passait le temps à tailler du bois en une petite sculpture de forme humaine, mais le résultat ne semblant pas celui escompté, il tomba dans les flammes qu'il le réchauffait en cette fin de crépuscule.

-Tu faisais quoi ?

- Toi… Mais je n'ai pas le ‘'truc''. Et j'ai fini ce que tu m'as demandé.

-Intéressant, mais j'ai effectivement vu plus ressemblant…Plus qu'à attendre.

-C'est vrai, l'histoire du ‘'Croc-Mort'' ?

- Pousse-toi.

D'une manière plutôt entreprenante, la jeune femme s'imposa et lui déroba la place chaude qu'il avait entretenue sur la caisse qui lui servait de siège. Il se retrouva au sol, sans vraiment broncher, attendant une réponse. Elle semblait ravis de son intérêt.

-Sais-tu ce qu'est un Aldymore ?

- Jamais entendu.

- Imagine toi un corbeau de la taille d'une vache, et tu as là un Aldymore. C'est une espèce ne vivant qu'aux abords de l'Arbre Monde, en terre elfique. Se nourrissant quasi uniquement de ses fruits, cette créature est totalement inoffensive, et incapable de faire du mal à qui que ce soit. Du moins, d'après les études retrouvées sur le sujet…

-Donc, c'est faux ?

-Complètement improbable, car dépendant de l'Arbre Monde.

-Tu possèdes donc un livre qui parle de créature…

Elle se leva, passant un léger frottement sur son fessier.

-Ici même, oui.

-Prête le moi, à l'avenir.

-Il n'y a pas d'illustrations, mon pauvre.

-J'ai peu être une tête d'illettré, mais…

Le rire mesquin l'emporta, alors qu'elle prenait la direction de ses quartiers. Ne pas savoir lire n'est absolument pas une tare dans ce monde sans éducation, le jeune Drek pourtant semble terriblement aigri envers la remarque. Son orgueil était-il en cause ? Ou cherchait-il juste à démontrer une égalité entre eux…

-J'y réfléchirais, au cas où tu serais sage.

Elle quitta les lieux sur cette supposition imparfaite. Plus tard, lorsque le monde dormait à point fermé, les deux fugueurs se retrouvèrent, ou plutôt la dame qui se faisait attendre retrouva cette sorte d'écuyer portant une charge de mule sur le dos : Un tonneau emplis de bûchettes, prête à être enflammée dans un feu de joie. Pourtant, une simple lanterne pour deux ; quelques hommes sont encore de garde.

Dans le silence le plus total, la magnifique femme et sa mule s'engagent dans une décente de rocaille, un chemin exigu emprunté par les curistes depuis la nuit des temps. Ainsi, la flamme finie quelques minutes plus tard par se refléter sur une surface plane ; Le beau coin d'eau claire est découvert.

Il déchargea donc lourdement tout son attirail, se frottant rudement les mains : la température est bien plus basse à ce à quoi il s'attendait.

-Et si tu y allais en premier ? Ça me fait presque de la peine de te voir comme ça.

-Sérieusement ?

Elle s'affala au sol pour réunir le bois qui s'était éparpillé. Son regard neutre de cueillette ne présageait aucun sarcasme.

-Je t'en prie.

Le cerveau frigorifié, le mercenaire n'attendra point pour se dévêtir un maximum en restant dans la décence et, ne prenant aucune autre précaution que de ressentir le froid atroce qu'il l'écorchait, plongea sans aucun scrupule dans l'ombre humide.

Seul sa tête ressortie de l'eau, des yeux dilaté par la haine et la colère.

-Qui a parlé de sources chaudes ?

- Oh, tant que tu es ici, pourrais-tu emplir le tonneau de cette eau bien trop froid pour moi ?

Néanmoins, il s'exécuta, ne serais-ce que pour profiter un instant des flammes lui étant désespérément nécessaire. Le tonneau alors sera placé sur le feu, et grâce à son socle de fer, l'eau à l'intérieur y prendrait température. Drek venait de comprendre cette énigmatique particularité de l'objet, pourtant la rage n'en démordait point.

-Je m'en souviendrais.

-Evidement…

Tout deux assit au coin du feu, elle avait alors enfin l'occasion de contempler le corps qu'elle avait récemment bien fracturé, pourtant ce n'est pas l'insignifiante cicatrice causée qui lui attira le plus l'œil : son corps était bien frêle  pour la puissance qu'il employait dans les bras et les charges qu'il déplaçait tout les jours. Quelqu'un de normal, déjà ne pourrait pas faire une tel chose bien qu'elle ait déjà compris qu'il n'était en point comme le commun des mortels, mais de plus, gagnerais au moins en masse musculaire après tant d'effort. Elle supposa à la malnutrition, mais…

-Par deux fois, tu essaye de me tuer, et maintenant quoi ? On s'inquiète ?

-Non. T'est juste… étrange. Une vraie énigme vivante. On mange pour vivre, en normalité.

-Je mange…

Le silence pris place, bien que peu à peu Drek retrouva l'utilisation de ses membres, il ne paraissait que peu concentré par son état et bien plus par celle qu'il le regardait sans aucune gène depuis quelques temps désormais. Pourtant en cet instant, elle ne le contemplait plus guère, sa pensée était autre. Pour une raison complètement invalide, elle se mit alors à déblatérer ;

-J'aime les femmes…

-Cela me fait une belle jambe… Non, mais vraiment ?

-Leurs formes, leurs douceurs, leurs tendresse… leurs gémissement.

Elle était complètement dans un autre monde, il en resta bouche-bée. Elle souffla, se leva. Remarquant alors que l'eau perdait en vapeur, elle retira une première couche, ou presque, car elle venait de remarquer que Drek était toujours présent, à la regarder.

Comprenant clairement ce qu'elle attendait de lui, il étendra les bras, et déclara fièrement.

-J'aime les hommes.

-Dégage, pervers.

Signaler ce texte