Cheveux argent

Jean Claude Blanc

pour nos anciennes...

            Cheveux argent

 

Petite mamie, aux cheveux blancs

Seule dans sa turne passe son temps

A réfléchir pourquoi elle vit

Mélancolique nostalgie

Du monde, tombée dans l'oubli

 

Ce n'est plus guère d'actualité

Que d'évoquer arrières mémés

Elles n'ont de cesse de rajeunir

Est prometteur leur avenir

Belles années, encore en jouir

 

Tout est prévu pour les surprendre

Ce sont encore des cœurs à prendre

Se maquiller, être à la page

Lifting, pealing, font plus leur âge

 

Au club ringard des retraités

On se rencontre pour blaguer

Et pour se plaire, sait-on jamais

Sans faire de folies, s'emmouracher

Et l'amitié réconforter

 

On fait l'éloge du 3ème âge

Comme s'il faisait plus des ravages

Les vieilles se changent en amourettes

Salon de thé, mais à la diète

 

Pètent la forme, ça va de soi

Faisant semblant, d'avoir la foi

Comme l'alerte Jane Fonda

Savent cacher leur désarroi

Potion magique, quand elles ne dorment pas

Mais ça dérange l'estomac

 

Les damoiseaux préfèrent les vieilles

Qui veillent sur eux et les conseillent

De leurs histoires, ils s'émerveillent

Mais pour coucher, c'est plus pareil

 

Veuves intrépides guillerettes

Encore folles de conquêtes

Malheureusement, en berne de sexe

Mais aguerries, pas de complexes

 

Tant boulimiques de faire peau neuve

Chez le coiffeur, le manucure

Leur pauvre corps, mettent à l'épreuve

De gymnastique, elles le torturent

Atteindre le cap des séniors

A 70 ans, c'est un peu fort

Ultime étape avant la mort

Alors qu'on a sacré ressort

 

La société n'est pas en manque

De distractions, pour tempes grises

Suffit d'avoir gros compte en banque

Cheveux d'argent, sont bonnes prises

 

Parlez plus de personnes âgées

Ce serait faire honte à nos ainés

Honorez les pour leur courage

Passer encore dans leur corsage

 

Annie Cordy, Yvette Horner

Artistes presque centenaires

Témoignent de leur longévité

Leur supporters, doivent supporter…

 

Sur internet, elles s'y mettent

Cherchant en vain, une âme chère

Comportement de midinettes

Pas pressées de quitter la Terre

 

Génération dure à flétrir

Jamais malade, et inusable

Ainsi recule l'heure de mourir

Le cœur battant la chamade

 

Atteint moi-même par l'âge pourri

J'ai peur de faire pipi au lit

De divaguer, perdre l'esprit

Etant un homme averti

Ne plaisante plus, ça m'est promis

 

Comment dater le millésime

De cette dame, à l'allure digne

Car vue de dos, hanches parfaites

Mais vue de face, ridée binette

 

Elles enlaidissent, leur devanture

En se tartinant la figure

Certaines abusent de teintures

Cheveux argent, contre nature

 

Mises au rancart, les vieilleries

Le modernisme n'a de cesse

De perpétuer les singeries

Des ex mamans, qui talquent les fesses

Pour leur bébé, pleines de tendresse

On rêve d'immortalité

Jamais flancher, jamais souffrir

La médecine fait des progrès

Pour retarder, l'heure d'en finir

 

Mais là encore, pas tous égaux

Les plus nantis, ont plus de chance

Poursuivre plus loin, leur romance

Quand les ruinés, tombent en lambeaux

 

Me font marrer, toutes ces rombières

D'être à la mode, c'est dans l'air

D'âge canonique, nous font la nique

Jouant les bonnes femmes pudiques

 

Drôle de boulot, se pomponner

D'avoir bonne mine et le teint frais

Lisser ses plis, faire de l'effet

Cheveux argent, aux mille reflets

Pas déconner, c'est abuser…

 

Entre 2 âges, et mûres à point

Pleines d'enthousiasme, sans faux « je t'aime »  

Ainsi vénère mes anciennes

Ne cherchez pas, je suis coquin

 

Venu le temps de la moisson

Elle est mortelle la passion

Pour se distraire, des belles années

Faut davantage se déguiser

 

Femmes je vous plains, pour votre succès

Devez toujours en rajouter

Pour plaire aux hommes, jeunes et jolies

En plus âgées, c'est un défi

 

Pas entrainées par le courant

Se vantent pas nos vieilles mamans

Ebouriffées, mal fagotées

Sont d'authentiques adorées

 

Cheveux argent, n'est pas de mise

Chez les vieillardes insoumises

Je les visite, tellement exquises

La mamie fleur de mon quartier

M'invite chaque jour pour le café

C'est ma petite pomme ridée

Tellement est riche de son passé

Mère au foyer, contre son gré

Veuve trop jeune, abandonnée

C'est ma grand-mère, qui m'a quitté     JC Blanc   avril 2015 (hommage aux vieilles dames)

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