Cindy.

effect

Extrait de: "Il m'arrive parfois de prendre le train, mais je demande toujours avant où il va et s'il reste de la place en fenêtre."

Tellement tout m'ennuyait depuis un bon bout de temps que je disais bof à tout va. Je ne prenais verbalement même plus la peine de mettre en majuscule le début de mes réponses. Je produisais du bof comme d'autres produisaient du Oui ou du Non pour affirmer une certaine joie (acquiescement) ou un résolu mécontentement (dénégation).

- bof.

Ma vie ressemblait de plus en plus à du vide suspendu, puisque je n'avais rien de façade sur laquelle me retenir. L'on m'aurait posé devant Khéops, Khépren ou qu'importe, que je n'aurai même pas cherché une quelconque rampe d'accès: j'aurai patiemment attendu que l'escalier se défasse.

Sur les conseils d'une amie, je passais mon manque d'appétit au cinéma pour essayer de faire un plat de mes journées. Elle me disait que depuis les frères Lumières il y avait assez de stock d'histoires pour essayer d'en faire une à mon goût. J'allais voir n'importe quoi, des trucs qu'on disait bien ou parfois nuls par le bouche à oreille. Je me foutais des scénarii comme des acteurs, du pop corn aussi, puisque je savais pertinemment que tout cela se terminerait en fin de séance par du bof pour moi et une réaction au gluten.

Parfois cette amie venait me voir pour prendre du plaisir à ma décoration intérieure. Elle disait que j'avais du crédit dans le choix de mes rideaux et prenait le soin de régler la température du salon en tournant le bouton sur plus fort. Elle sortait du canapé mon chat en le balayant d'un geste de la main, puis prenait sa place. Je partageais sa couche jusqu'à vers sept heures du soir, heure à laquelle elle partait pour Genève, prendre son avion de nuit.

Cindy était hôtesse de l'air, c'est à dire qu'elle faisait le ménage en langue anglaise et servait chaud dans les classes affaires. Avant chacun de ses départs, elle ajoutait en se remaquillant la bouche dans la pomme de son Iphone:

- Alors, t'as aimé ?


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