Cinema paradisio

Les lumières se sont éteintes 
Restent quelques murmures à peine distincts
L'écran noir s'éclaire dans le silence
le profil de son visage se détache en transparence
dans cette pénombre complice de l'instant

Déjà, elle a capturé ma main dans la sienne,
doucement l'entraîne à ses lèvres tièdes
Et joue de ses doigts en son repaire humide... 

Mon regard troublé plonge dans le sien incandescent
ma main toujours dans la sienne lentement descend
En voyage sous le soyeux de sa robe légère
jusqu'à la naissance de ses cuisses qui s'abandonnent.

Nos souffles unis précautionneusement s'accélèrent 
elle fait glisser ma main , frissonne 
et s'offre à mes doigts qui s'animent... 
Elle retient chaque gémissement que je convoite 
à lui ravir de cette promenade en ce lieu chaud et intime.

Pourvu que le film soit triste 
pour que son souffle au sommet du plaisir 
s'apparente à un léger soupir, 
pourvu que le film soit triste 
qu'elle puisse placer sa tête sur mon épaule.

Pourvu que le film soit ennuyeux, 
que je puisse penser qu'elle s'endort,

s'envole lorsque son visage glissera méticuleux
le long de ma poitrine, au plus doux
et atteindre en caresse de sa joue 
le renflement palpitant de mon corps.

Pourvu que le film se prolonge encore et encore
qu'elle puisse de ses lèvres ingénues, en douce vague
effleurer le velouté de ma dague
la relâchant légèrement de sa prison devenue exiguë. 
Le temps de s'étourdir de cette fragrance secrète
de laisser jaillir cette première perle de liqueur céleste 
qui déjà la cambre, la fait glisser discrètement.

La séance se termine, lentement,
nous abandonnant au paroxysme de notre désir. 
la salle s'éclaire peu à peu, le temps de nous ressaisir.

Mais déjà elle m'entraîne au dehors, 
M'enlace dans un corps à corps,
en un long baiser reconnaît la présence de mon envie.

Pourvu qu'il fasse nuit 
Pourvu qu'il y est de belles portes cochères 
perdues au cœur d'une rue sombre 
dans la chaleur de la nuit légère.