Coeur de pirate.

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Extrait de: " La bouffe était si dégueulasse qu'on prenait soin de ne pas y toucher: les rats tapaient dans les sacs jusqu'à les mordre".

Nous avions un bateau, une sorte de grosse barque à ponton aménagé. Betty étendait le linge à la proue tandis que je hissais du mieux que je pouvais, les voiles.

- C'est quoi déjà le fond du bateau ?

- La poupe ma chérie !

Betty se foutait du devant comme du derrière, ce qui l'importait c'était d'être en mer. Ses yeux étaient comme des pépites. De la regarder, il y avait toujours un trésor qui sortait d'elle. Il m'arrivait même parfois de faire flibustier à son encontre, de lui piquer sa richesse intérieure avec le couteau des huîtres...

- Oh là là belle amie ! Je viens d'en gouter une ! Mon dieu qu'elle est bonne !

- Mais mon chéri, qu'est-ce qui vous arrive, avez-vous encore pété un parpaing ? (Nous avions lâché une maison sans fenêtres un mois plus tôt, et le promoteur nous envoyait encore des messages par Messenger via un satellite pour nous signaler les choses qui n'allaient plus  depuis chez lui, en prétextant que c'était chez nous.) 

A vrai dire, je n'avais aucune lisibilité envers Betty, ni d'aucune institution marine d'ailleurs, mais je voyais bien un peu que je la faisait rire entre deux mats...

Au port on disait d'une femme qui riait que c'était une femme qui baisait...

J'avais tant de bateaux à m'occuper, que l'eau finissait par me monter dessus. Je me noyais de cette indolence et je voyais bien que j'allais pas en faire une publicité pour Noël, et que les Révillon resteraient quoi qu'il en soit, en tête des gondoles jusqu'à des fins commerciales et des années pour toujours.

Il était ce jour-là, plus important pour moi de me couper les cheveux que de ressembler à une natte en rotin de chez Carrefour. Je voyais venir le vent de poupe et la situation de face...


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