Compagnons

koya-al-gaad

Et zig-zague la fumée brune dans un nuage informe.
Imagine un manège empli de miroirs déformants
Où les mirages, contre un crâne devenu bien trop dur, cognent.
Un manège qui tourne bien trop vite à des moments,
Quand je me mets à chercher la maison...
Elle serait d'un toit bien bâti où les charpentiers auraient fait oeuvre,
Des murs mis d'équerre aux fondations par le fil à plomb,
Grâce aux menuisiers des fenêtres bien montées où de la lumière on s'abreuve, 
Et une porte qui ne veille qu'à accueillir
Pour un serrurier des habiles.
La toiture, elle, serait couverte de tuiles d'ardoise et de motifs
Mis là par quelques couvreurs, côteries,
Qui, défiant le vide,
Posent des plumes à notre bâtisse.

On serait centaines, milliers, millions,
Tous citoyens du monde,
Compagnons de notre devoir humain
Dans un destin bien qu'incertain,
A oeuvrer à l'unisson
Sous le roulement des tambours qui grondent.
On serait nation, une seule
Qui ne cède même au veule,
Un maintien presque indécent
Quand les différences s'assemblent dans la sueur, le travail, le sang.

Ami tailleur de pierre, un soir, tu m'as chanté les mots de nos aïeuls,
Parsemés des mêmes questions et mêmes peurs, 
A ne jamais savoir si nous finirons seuls
Après avoir donné passion et même coeur!
Amis travailleurs, de tous temps nous connaissons une solution:
Sachez que nos travaux nous survivront...
Prends bien soin de ton ouvrage, compagnon,
N'oublie pas l'amour dans sa création.
Comme le pain du chien blanc réchauffe les âmes
Tu sauras que ton travail est bien plus que tu ne crois:
Celui que tu entames avec flamme
Sera aussi solide que l'acacia.

Je m'en vais sur le bon tour de France
Chercher les clefs de mon chez-moi,
Je m'en vais après l'histoire de mes ancêtres et de son sens
Apprendre ce qui nous servira.

  • j'aime particulièrement "Je m'en vais après l'histoire de mes ancêtres et de son sens" une belle conclusion. Merci pour ce texte

    · Il y a presque 9 ans ·
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    aurevoir

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