Confitures
paratge
Par un beau dimanche ensoleillé de septembre,
Nous avons préparé de belles confitures.
La figue mûre à point, cueillie dessus les arbres
Mijotait tendrement. Des délices futurs
Inondaient chaque pièce de doux parfums sucrés
Dont nous nous régalions en touillant lentement
La mixture grenat, aux beaux reflets nacrés,
Où les bulles atones éclataient mollement.
Puis il fallut des pots - pour garder ce nectar -
Que je m'en fus chercher là où l'on les remise,
Au fond de la maison, dans un sombre placard
Tout en traînant le pas, pour que la gelée cuise.
Il tomba dans mes bras, sabrant mon bel entrain.
Je restai interdit, immobile et sans voix,
Parcouru de frissons jusques au creux des reins
Tant j'étais étonné, chaviré, en émoi.
Je tenais le doudou de mon grand fils aîné
Avec qui nous avons consommé la rupture.
Deux larmes s'échappèrent de mes yeux trop peinés
D'anciens beaux souvenirs jetés à ma figure.
Le panda disloqué me fixait tendrement,
Semblant me demander de pardonner son maître,
Ses grandes envolées et ses égarements,
Puis qu'il était mon fils, que je l'avais vu naître.
Je n'ai pu lui répondre porté par l'émotion.
La colère passée, il reste le chagrin
Causé par cette faille. Malgré mes précautions,
Je n'ai pu l'éviter, ou même y mettre un frein.
La peluche figée me regardait toujours.
Eh bien, lui ai-je dit, bien sûr que je pardonne...
Quelles que soient les querelles, il nous reste l'amour
Que rien ne peut briser, pas même une madone.