Conte

aile68

Il suffisait qu'un beau garçon lui parle pour que Ludivine tombe amoureuse. Elle avait dans l'âme et les yeux, le regard des princesses et des fées, une lumière douce proche du divin. Sa vie c'était une impasse, une prison dorée, elle voulait en sortir mais elle n'arrivait pas à trouver la clef qui l'aurait aidée à sortir, s'enfuir, s'évader, à la découverte de la vraie vie. Elle voulait s'amuser, vivre comme les jeunes, dans sa chambre le temps était long comme un jour de pluie, une pluie abondante qui tombait tel un rideau épais qui l'empêchait de voir à travers. Ludivine avait la blondeur du blé avant que le soleil ne le sèche, elle aimait tresser ses cheveux comme les indiennes dans les western qu'elle regardait quand elle était petite, son enfance bien sûr elle la regrettait mais où était passé la petite fille qui courait dans le vent comme les chevaux dans les prairies? Elle n'était plus qu'une adolescente souffreteuse, une petite nature comme on dit, mais elle avait du coeur c'est ce qui la faisait tenir face à l'adversité, aux épreuves de la vie. Elle était persuadée qu'un jour elle s'en sortirait, au fond d'elle, elle savait que son prince viendrait, elle croyait au grand amour. Oui Ludivine était naïve, sentimentale mais pas frivole comme la plupart des filles de son âge, à seize ans elle se penchait sur les roses pour sentir leur parfum en se piquant un peu aux épines, à vingt ans ce parfum l' enivrait dans la chaleur d'août et personne ne venait, elle entrait de lassitude dans son logis et c'est là qu'un jeune homme la remarqua, une frêle silhouette c'est comme les tiges des fleurs, des sauterelles fines et élancées comme Ludivine. Fréquentation, fiançailles, mariage, un bébé, Ludivine était une femme comblée, heureuse. Elle voulait des enfants plein sa maison, son coeur lui disait de faire des tartes et des gâteaux le dimanche au petit-déjeuner, de mettre un bouquet sur la table du salon, de rendre la vie tendre et gentille pour son entourage. Tout avec elle était beau et plein d'amour dans les meilleurs jours, elle opposait aux mauvais moments une attitude calme qu'on prenait pour de la maîtrise et de la froideur. Quand son époux lui parlait c'est de l'amour qui lui répondait, il n'avait jamais rien vu de plus pur que le regard de son épouse posé sur lui. Même quand il volait dans le ciel bleu avec son parapente, il n'avait jamais rien ressenti de plus beau, de plus merveilleux. Si là-haut dans le ciel il se sentait comme le roi du monde, auprès de sa blonde il tombait amoureux chaque fois qu'elle lui parlait. De la bouche de Ludivine sortaient de belles paroles, comme des roses et de splendides joyaux. Ils étaient riches du bien le plus précieux, cet amour indéfectible qui ne rompt jamais.


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