Courant alternatif

reverrance

Ils étaient tous deux amoureux. Amoureux mais malheureux. Cela les avait réuni

Ils étaient tous deux amoureux. Amoureux mais malheureux. Cela les avait réuni. Ils se consolaient ensemble de ne pas être avec l'objet de leur amour. De ne pas le voir aussi souvent qu'ils le voulaient. Des pis aller pensaient-ils qu'ils étaient, sans se rendre compte qu'ils partageait, ensemble, bien plus qu'avec leur respectif. Quand ils se sentaient seuls, et c'était souvent puisque leur compagnon respectif n'était pas libre, ils partageaient la soirée et parfois la prolongeaient jusqu'au petit matin. Un besoin d'un peu de chaleur humaine, de rapprochement animal. Ainsi, ils étaient à l'écoute de l'autre, plein de tendresse et d'empathie pour ce qui les avait réunis, l'insatisfaction d'un amour en parenthèse. Ils ne croyaient pas, ni l'un ni l'autre, que leur situation allait s'améliorer. En cela, ils ne se leurraient pas d'illusions. Mais ils étaient tous deux à s'être engluer dans une relation dont ils savaient la fin inéluctable mais dont ils n'arrivaient pas à s'extraire. A partager la même situation, ils s'étaient rapprochés insidieusement sans qu'ils aient conscience de la nature de leur lien.

Il fut le premier à mettre fin à cet amour impossible. Il était ravi de lui annoncer car, bien sur, elle avait eu une certaine influence sur sa décision. Il n'avait pas prévu l'effet qui en résultat. Cela créa un déséquilibre dans leur lien. Elle n'osait plus lui parler de ce qu'elle vivait de peur de s'entendre dire qu'elle devrait quitter cet amant toxique. Elle avait perdu son oreille, celui avec lequel elle pouvait le mieux parler de ses amours intermittentes. Alors elle espaça leurs rendez-vous car elle se sentait mal à l'aise en sa présence. Il en fut meurtri ; il avait réalisé qu'il aurait eu envie de passer plus de temps avec elle mais pas pour l'entendre parler de cet homme-là. Il en vint à se dire qu'il était maudit et se dit qu'il valait mieux cesser tout commerce avec elle. Il préférait cela plutôt qu'être témoin de ses amours malheureuses avec un autre sans qu'il put lui même lui faire entendre ce qu'il éprouvait pour elle. Elle l'aimait bien, elle ne l'aimait pas. 


Il reporta le rendez-vous suivant à une date ultérieure. Ladite date ne se concrétisa pas, son planning était devenu de ministre.  Son soulagement fut bref. Cela la peinât, et même un peu plus qu'elle le pensait d'ailleurs. Son confident s'était désisté alors que sa relation s'étiolait et qu'elle aurait aimé en discuter avec lui. En fait non, pas vraiment en discuter plutôt... le voir tout simplement, il lui manquait, lui. Ce constat l'interpella. La chatouilla, la dérangea. Se pourrait-il qu'elle se soit trompée sur leur attachement ? Cela la perturba tellement qu'elle rabroua son amant un jour qu'elle le trouvait particulièrement pénible. La dispute s'acheva par une fin de recevoir immédiate. Qu'avait-elle perdu autant de temps avec un qui n'était même pas son genre ! Ça n'était pas comme avec lui avec lequel elle partageait de nombreux points communs.


Elle aurait voulu le voir de suite pour lui annoncer qu'elle était libre, enfin ! Qu'ils s'étaient leurrés tous les deux. Elle aurait voulu passer de nouveau avec lui ses soirées mais en amoureux non en confidents. Elle le relança plusieurs fois, vainement. Il ne répondait pas de suite et quand il rappelait c'était succinctement pour lui dire qu'il était débordé. Elle réalisa qu'il était vraisemblable qu'il ne voulait plus qu'ils se revoient. Alors elle renonça. Sans doute n'avait-elle été que de réconfort. 


Ils étaient tous deux amoureux. Amoureux mais malheureux. D'autant qu'ils n'avaient plus de confidents. Tous deux attirés par l'autre mais à des phases différentes. Le courant n'était pas passé conjointement. Sans doute iraient-ils vers d'autres bras, recherchant un amour pansement le temps que Cupidon veuille à nouveau se soucier d'eux. Ainsi va la vie et ses amours risibles parfois.

  • Oui qui n'a pas connu ces amours manquées ? Merci.
    Dans un autre genre je pense à une trop belle chanson de Gilles Servat, "Les embrasser"
    https://www.youtube.com/watch?v=_zavrlBASeQ

    http://www.paroles.net/gilles-servat/paroles-les-embrasser (pour les paroles)

    · Il y a environ 8 ans ·
    Desert242

    pierredesilence

    • Parfois on ne s'en rend même pas compte d'ailleurs

      · Il y a environ 8 ans ·
      Tyt

      reverrance

  • Dommage qu'ils se soient loupés, ils auraient pu construire...

    · Il y a environ 8 ans ·
    W

    marielesmots

    • Mais cela fait le sel des histoires à raconter

      · Il y a environ 8 ans ·
      Tyt

      reverrance

  • "cela créa" ... créât est au subjonctif! Avec un sourire

    · Il y a environ 8 ans ·
    Cavalier

    menestrel75

    • Merdum.... merci :)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Tyt

      reverrance

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