Crac

franekbalboa

Je n'ai pas souvenir de ces moments sans. Chaque fois que je bouge, je le ressens. Depuis un moment déjà je l'entends, chaque seconde passe et augmente ces relents. Relents de fragilité au parfum de musique, chaque fois que je bouge, mes raideurs font "Cric".

Il y a des moments où ça claque si fort, que les gens autour me regardent gênés. Cela ne me demande pas plus d'efforts, de leur dire de ne pas s'inquiéter. 

Ces bruits, ces chocs sont devenus courants, tout comme le serait le son de cloche d'un couvent. Seulement mon son à moi est une musique désagréable, mes articulations chantent, se croyant au théâtre. Le vrai souci n'est pas tant le bruit que le fait qu'elles le font, car en effet elles sont trop sèches remarque-t-on. Elles font autant de bruit que de mal, elles crient chaque fois leur musique infernale. Ce sentiment étrange que je suis en miette, mais non je me tiens debout comme un tas de piécettes. Je ne sais pas vraiment évoluer autrement, ça fait des années que vivent en moi ces relents. 

Ils sont parfois horribles et en deviennent même fétides, quand je pense à la solidité de mon corps putride. Rien ne le trahit depuis l'extérieur, si ce n'est le son de ce vieux moteur. Incroyablement rouillé contrairement à d'autres, il ne semble pas si vieux, à la vue de son hôte. L'hôte s'habitue, aux bruits, aux sensations, pour continuer à faire fonctionner la maison. Et si un jour, la maison s'effondre, comme un glacier en pleine fonte, à l'image d'une pelouse qu'on est en train de tondre, il ne sera plus qu'un mouton après la tonte. 

Dénué de l'essence même de ses batailles, il s'effondrera sous son poids et sa taille, ce moment là l'espoir aura pris un coup, comme un lapin qui se brise le cou... Ses ambitions tordues et son âme à frémir, il sera perdu seul avec ses souvenirs.

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