Cyber-attaque, géo-politique, et élections présidentielles

Dominique Capo

article de géo-stratégie

Hier soir, j'allais éteindre définitivement mon ordinateur afin d'aller lire au lit la suite du troisième tome du roman de Ken Follet intitulé « le Siècle ». Je suis alors tombé sur un article posté sur ma page d'Orange qui m'a intrigué. Puis, en me levant, ce matin, j'ai repensé à son contenu. J'ai réfléchi à l'implication de ce qu'il expliquait. Et j'en ai eu des sueurs froides.


En effet, d'après ce texte, les services secrets français seraient au courant d'une éventuelle cyber-attaque massive via les réseaux sociaux. Celle-ci aurait lieu durant les élections présidentielles en Mai 2017. Elle serait destinée à inciter les français à aller voter en masse pour Marine Le Pen ; et à la faire élire aux plus hautes fonctions de l'État. Elle serait de la même nature que celle qui a entouré l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Et elle proviendrait également des mêmes sources ; c'est à dire de la Russie de Vladimir Poutine.


Je ne sais pas si cette information est à prendre au sérieux, ou si c'est une tentative d'intoxication destinée à faire peur à l'approche de nos échéances électorales. Il est vrai que ce qui s'est déroulé aux États-Unis suscite la méfiance. Car on ne sait pas si la cyber-attaque dont ont été l'objet les votes au mois de Novembre ont fait pencher la balance en faveur du candidat républicain. Les faits à ce sujets sont encore loin d'être totalement éclaircis. Et ce n'est pas Donald Trump qui les clarifiera. Ce n'est pas dans son intérêt.


D'autant moins que, dès son investiture, sa politique intérieure ou extérieure déchaîne les passions en Amérique. Elle fissure la société de ce pays en profondeur ; elle la déchire durablement dans toutes les couches de sa population. Et les dégâts qui en résultent risquent de peser durablement sur elle.


Dans les deux cas, néanmoins, cela prouve le danger auquel nos démocraties affaiblies par les dissensions qui les parcourent, sont confrontées. Dans un contexte où l'Occident tout entier est en proie aux doutes, aux peurs, à la montée des extrémismes de tous poil, il ne faut pas aller chercher bien loin à qui ces soubresauts profitent. A une époque où le Capitalisme, où la Mondialisation, où l'Ultra-libéralisme – et leurs excès – sont rejetés avec force par de plus en plus de concitoyens, c'est une opportunité sans précédent pour les régimes qui en ont souffert. Vladimir Poutine n'oublie pas que l'Occident l'a pointé du doigt à plusieurs reprises : crise ukrainienne, crise tchétchène, crise syrienne, notamment. Il cherche à compter à nouveau sur la scène internationale ; et y parvient. Il veut faire retrouver à la Russie son éclat du temps de la toute-puissance de l'URSS. Enfin, ces coups d'éclats lui permettent de briller aux yeux de son peuple, et d'être fidèle à son autocratie.


Ces manœuvres en matière de géopolitique n'ont pas d'autre but, il faut en être conscient.


Avoir un allié comme Donald Trump dans sa manche est tout à son avantage. Car le nouveau Président des États-Unis l'a répété à plusieurs reprises, son intention est de « normaliser » les relations de son gouvernement avec celui-ci. Sous couvert de désirer protéger les USA de toute menace extérieure, sous couvert de protectionnisme, sous couvert d'envisager de futurs accords commerciaux juteux pour les USA, il souhaite laisser le champ libre à la Russie. Il accepte de l'autoriser à élargir sa zone d'influence dans les anciens territoires intégrés à l'URSS. Ou de jouer un rôle majeur au Moyen-Orient, en particulier face à Daesh ou concernant la guerre civile dont la Syrie est la proie.


On voit dès lors les tracés de la géopolitique des prochaines années ou décennies se dessiner. Et il est avéré que ceux-ci se feront au détriment de l'Occident, et de l'Europe en premier lieu. Si les USA décident de ne plus s'occuper des zones susceptibles de s'embraser, et de conduire peut-être à de futurs conflits majeurs, la Russie ne manquera pas de s'y employer.


Or, il ne faut pas oublier que ces zones sont d'un intérêt stratégique en matière de ressources pétrolière, minérales, gazières, agricoles, ou d'eau potable. Des ressources qui se raréfient du fait de l a pollution, du changement climatique, du réchauffement généralisé de la planète. Et qu'il est fort probable que dans vingt, trente, quarante ans, elles seront des enjeux majeurs de la survie de notre civilisation. Les Chinois, les Russes, les Américains, et mème l'Europe, le savent. C'est une course contre la montre qui s'est engagée. Et ce à quoi nous assistons actuellement sont les pièces mises en place par les uns ou par les autres afin que sa zone d'influence soit la plus étendue possible. Sauf que les États-Unis sont en train de redéfinir la leur en se recentrant sur le continent Américain – reprise de l'exploitation de gaz de schiste, ou intensification des forages pétroliers en Alaska -, et en se retirant des ères où ils étaient engagés jusqu'alors.


Vladimir Poutine le sait. Face à une Europe affaiblie après le Brexit, du fait des dissensions internes de ses États membres, il ne reste pas inactif. Il voit nos nations pensant davantage à leurs désagréments personnels. Il observe le mécontentement croissant de nos concitoyens face à une Crise qui 'en finit pas. Il regarde nos gouvernants se déchirer afin de s'accrocher à leur pouvoir. Tout ceci lui est utile afin de renforcer sa mainmise sur les zones qui lui est nécessaire de contrôler.


Il sait également que la montée des extrémismes partout en Europe ne peut que lui être profitable. Les attentats qu'a connu l'Europe ces dernières années, Daesh, les exodes massifs de Syriens et d'Irakiens dont L'Extrème-Droite et la Droite ont fait leur cheval de bataille, sont du pain béni pour lui. Ces fantasmes considérant « tous » les étrangers venus de ces contrées comme des djihadistes en puissance, sont un hochet entre ses mains destinés à affaiblir nos démocraties. Ils détournent notre attention de ces enjeux géo-stratégiques que se partagent Chine-Asie du Sud-Est, Russie, et États-Unis. Ils démontrent à quel pont la civilisation européenne est malade ; à quel point elle est devenue une région du monde en plein déclin, et surtout, qui ne « compte » plus.


Dans cette perspective, la cyber-attaque au moment du vote pour les élections américaines, quelle qu'ai été son influence sur son résultat final, a atteint son but. Dans cette perspective, si une autre devait avoir lieu au moment où nous nous apprêterons à élire notre prochain Président de la République, aura une incidence capitale. Car, si Marine LePen l'emporte, alors que celle-ci est soutenue par la Russie, c'est par ce que cela va dans le sens des intérêts de Vladimir Poutine. Comme pour les USA, ce n'est pas par pure bonté d'âme envers ces deux candidats. Ce n'est pas parce qu'il les apprécie ou que leurs visions du monde s'apparente aux siennes. C'est uniquement parce qu'une fois intronisés, la politique qu'ils mèneront permettra à la Russie de renforcer ses positions.


Je le souligne afin que ce soit bien clair dans l'esprit de chacun : n'est-ce pas ce que Donald Trump est en train de faire en redéfinissant les contours de sa politique internationale ? Notre candidate du Front Nationale en est-elle consciente ou pas ? Cela, je ne saurai le déterminer. Par contre, ce que je peux assurer, c'est que si elle se croit plus maline que Vladimir Poutine en jouant à son jeu afin de le retourner contre lui, elle se trompe lourdement. C'est comme si une souris voulait se mesurer à un chat. Immanquablement, cette souris se fera dévorer par le chat. Trump comme LePen sont des novices en matière de politique internationale et de géo-stratégie. Ils n'ont aucune expérience des implications que leurs décisions sont capables d'engendrer. Il est évident que, tôt ou tard, si nous continuons sur cette voie, l'Occident le paie au prix fort. Puisque déjà, les prémisses de ce que je viens de décrire tout le long de cet article apparaissent.


Ce n'est pas pour effrayer davantage que la situation dans laquelle nous nous trouvons le laisse entrevoir, que je mets l'accent sur ces points. Mais il est utile, voire vital, que ceux et celles qui me lisent se rendent compte des conséquences de leur futur vote ; à plus grande échelle que celle de l'hexagone. Que vous croyez ou non en ce que je détaille là, après tout, n'a pas beaucoup d'importance. C'est juste une probabilité que je mets en lumière, et qui n'est pas à négliger.


Car, le problème, comme je l'indique régulièrement dans certains de mes articles, c'est que la grande majorité des utilisateurs d'Internet et de Facebook, ne réfléchissent pas à cette sorte de faits. Ils se comportent comme des « moutons » dont la principale préoccupation est de préserver leurs privilèges personnels ; de penser à leurs propres difficultés auxquelles ils sont confrontés ; leurs propres épreuves, leurs propres malheurs. Et de se tourner vers celui ou celle dont ils supposent qu'il ou elle va les sortir de l'impasse dans laquelle notre pays se trouve. Alors qu'en fait, en agissant ainsi, ils ne vont qu'aggraver leurs souffrances. Comme pour les Américains qui croient – ou qui ont cru – en Trump, un jour, leurs illusions vont voler en éclat. Et gare à ce jour-là, car le réveil va être brutal… très brutal puisque les enjeux qui sous-tendent sont plus colossaux qu'ils ne se le figurent…

  • J'avoue que sur cette analyse-là, je suis un peu étonnée:
    Primo qui finance les trois protagonistes de l'affaire, sachant que pas d'inconnue sur Trump, le fric il en a tellement que ce n'est absolument (et à part une valeur narcissiquement bien négociée...) une mise "en valeurs"( j'adore le cynisme sur des jeux de mots ;0)) sur des accointances d'idées concomiitantes ou des effets collatéraux....Marine, en slalomant sur plusieurs générations récupère des mots clefs qui lui permette d'occulter le passé-composé avec le front national mais laquelle est la bonne pour sauver le fric, on pioche dans le passé simple: qui a le fric et le pouvoir (no comment!..mais non, c'est juste que dans les moteurs de recherche, bien sûr, vous ne trouverez rien de probant! ;0). Pour finir à Poutine, quelles banques le soutienne, lui? Viendra l'anomalie qui remet tout en question...oui mais Erdogan? qui le finance lui.... Bonne projection mon ami...Même les pétrodollars ne sont absolument plus une valeur sûre! ;0)

    · Il y a environ 7 ans ·
    Default user

    Alice Farouche Rendu

    • merci ; il y aurait encore beaucoup a développer sur le sujet ; j'y reviendrai un jour prochain

      · Il y a environ 7 ans ·
      4

      Dominique Capo

Signaler ce texte